Cinquante ans après la mort de Yasujirô Ozu, ses films paraissent toujours actuels. Gosses de Tokyo, Printemps tardif, Le Goût du saké continuent de surprendre, d'intriguer, d'inspirer leurs spectateurs. Ce sont les différentes formes de présence du cinéma d'Ozu dans la création et la pensée contemporaines que cet ouvrage tente de découvrir. Il était donc naturel de faire appel à des spécialistes, appartenant à des générations différentes et qui viennent d'horizons proches ou lointains, du Japon aux Etats-Unis en passant par l'Europe, pour arpenter cette voie nouvelle. Avec des approches variées, ces universitaires, critiques et artistes, tous amateurs du cinéaste de Voyage à Tokyo, éclairent la singularité de ses oeuvres et la nature de leur rayonnement. Ils nous invitent à emprunter des chemins de traverse pour dessiner les contours d'un territoire ozuien. Tout d'abord en précisant l'évidence des hommages - rendus par Wim Wenders, Hou Hsiao-Hsien, Pedro Costa, Claire Denis, Abbas Kiarostami, et Victor Erice - qui font écho à la joyeuse sobriété du maître japonais. Puis, des résonances plus imprévues sont proposées du côté de Chantal Akerman, Takeshi Kitano, Terrence Malick, Hong Sang-Soo, Gus Van Sant, Alain Resnais, ou Kiyoshi Kurosawa. L'exigence formelle et la liberté de ton des auteurs cités renouvellent les formes d'expressions chères à Ozu, comme la durée prolongée, le point de vue flottant, la répétition narrative. Encore de nos jours, cette cinématographie reste au coeur de la réflexion sur la modernité artistique, philosophique ou culturelle. Au terme d'un parcours qui relève l'importance actuelle de Yasujirô Ozu, c'est au cinéaste japonais lui-même que reviendra le dernier mot.