Histoire généralités
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Il n'est pas facile de parler de Shoah. Il y a de la magie dans ce film, et la magie ne peut pas s'expliquer. Nous avons lu, après la guere, des quantités de témoignages sur les ghettos, sur les camps d'extermination; nous étions bouleversés. Mais, en voyant aujourd'hui l'extraordinaire film de Claude Lanzmann, nous nous apercevons que nous n'avons rien su. Malgré toutes nos connaissances, l'affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, notre coeur, notre chair. Elle devient la nôtre. Ni fiction, ni documentaire Shoah réussit cette re-création du passé avec une étonnante économie de moyens: des lieux, des voix, des visages. Le grand art de Claude Lanzmann est de faire parler les lieux, de les ressusciter à travers les voix, et, par-delà les mots, d'exprimer l'indicible par des visages.
C'est une composition musicale qu'évoque la subtile construction de Shoah avec ses moments où culmine l'horreur, ses paisibles paysages, ses lamentos, ses plages neutres. Et l'ensemble est rythmé par le fracas presque insoutenable des trains qui roulent vers les camps.
La construction de Claude Lanzmann n'obéit pas à un ordre chronologique, je dirais _ si on peut employer ce mot à propos d'un tel sujet _ que c'est une construction poétique.
Jamais je n'aurais imaginé une pareille alliance de l'horreur et de la beauté. Certes, l'une ne sert pas à masquer l'autre, il ne s'agit pas d'esthétisme : au contraire, elle la met en lumière avec tant d'invention et de rigueur que nous avons conscience de contempler une grande oeuvre. Un pur chef-d'oeuvre.
SIMONE DE BEAUVOIR -
Leni Riefenstahl : La cinéaste d'Hitler
Jérôme Bimbenet
- Tallandier
- Biographies
- 24 Septembre 2015
- 9791021003811
Danseuse, actrice fétiche des films de montagne, cinéaste révolutionnaire, photographe remarquable, plongeuse hors pair, Leni Riefenstahl (1902-2003) est, aux yeux du monde, la cinéaste qui s'est fourvoyée en se mettant au service du nazisme. En 1932, sa rencontre avec Adolf Hitler change son destin. C'est un coup de foudre réciproque. Dès son accession au pouvoir, elle accepte la direction artistique du film du Congrès du Parti nazi à Nuremberg en 1934, Le Triomphe de la volonté, l'archétype du film de propagande. Puis elle réalise en 1936 le film officiel des Jeux olympiques, Les Dieux du stade, qui devient un succès mondial. Après la guerre, échappant à la dénazification, Leni Riefenstahl est souvent détestée. Néanmoins, son héritage est immense et les plus grands cinéastes, de Steven Spielberg à George Lucas, reconnaissent aujourd'hui son influence. Seuls l'art et l'esthétique ont compté pour elle, et c'est bien ce reproche qui encombre sa mémoire et obscurcit sa postérité. Sans l'aduler ni la condamner, Jérôme Bimbenet perce le mystère de la « douce amie du Führer » qui n'a jamais connu la moindre once de remords, de compassion, de culpabilité ou de conscience politique. Jusqu'à la fin, quand on l'interrogera sur sa responsabilité, elle ne cessera de répondre : « Où est ma faute ? »
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Arletty ! Immédiatement, on pense à sa célèbre réplique : « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? » Et que dire de « Si mon coeur est français, mon cul est international », répondant ainsi aux accusations de collaboration pendant l'Occupation ?
De 1940 à 1944, Arletty a été l'actrice française la plus populaire, invitée dans les salons les plus huppés de Paris et amoureuse à la folie d'un bel officier allemand. Pourtant, a-t-elle objectivement collaboré ?
Preuves à l'appui, David Alliot montre que l'Occupation a été la période la plus intense de la vie de l'actrice. Il brosse le portrait de la belle et insolente Garance des Enfants du paradis, avec son accent des faubourgs, ses répliques cinglantes et son anticonformisme, qui paiera cher sa passion pour un « boche ».
Avec subtilité, David Alliot retrace la vie d'Arletty, qui côtoya Jacques Prévert, Jean-Louis Barrault ou encore Sacha Guitry, et qui fut l'une des actrices mythiques du cinéma français. -
L'oeil de l'histoire Tome 3 ; atlas ou le gai savoir inquiet
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 3 Novembre 2011
- 9782707322005
À quiconque s'interroge sur le rôle des images dans notre connaissance de l'histoire, l'atlas Mnémosyne apparaît comme une oeuvre-phare, un véritable moment de rupture épistémologique. Composé - mais constamment démonté, remonté - par Aby Warburg entre 1924 et 1929, il ouvre un nouveau chapitre dans ce qu'on pourrait nommer, à la manière de Michel Foucault, une archéologie du savoir visuel. C'est une enquête " archéologique ", en effet, qu'il aura fallu mener pour comprendre la richesse inépuisable de cet atlas d'images qui nous fait voyager de Babylone au XXe siècle, de l'Orient à l'Occident, des astra les plus lointains (constellations d'idées) aux monstra les plus proches (pulsions viscérales), des beautés de l'art aux horreurs de l'histoire.
Ce livre raconte, par un montage de " gros plans " plutôt que par un récit continu, les métamorphoses d'Atlas - ce titan condamné par les dieux de l'Olympe à ployer indéfiniment sous le poids du monde - en atlas, cette forme visuelle et synoptique de connaissance dont nous comprenons mieux, aujourd'hui, depuis Gerhard Richter ou Jean-Luc Godard, l'irremplaçable fécondité. On a donc tenté de restituer la pensée visuelle propre à Mnémosyne : entre sa première planche, consacrée à l'antique divination dans les viscères, et sa dernière, hantée par la montée du fascisme et de l'antisémitisme dans l'Europe de 1929. Entre les deux, nous aurons croisé les Disparates selon Goya et les " affinités électives " selon Goethe, le " gai savoir " selon Nietzsche et l'inquiétude chantée dans les Lieder de Schubert, l'image selon Walter Benjamin et les images d'August Sander, la " crise des sciences européennes " selon Husserl et le " regard embrassant " selon Wittgenstein. Sans compter les paradoxes de l'érudition et de l'imagination chers à Jorge Luis Borges.
Oeuvre considérable de voir et de savoir, le projet de Mnémosyne trouve également sa source dans une réponse d'Aby Warburg aux destructions de la Grande Guerre. Non content de recueillir les Disparates du monde visible, il s'apparente donc à un recueil de Désastres où nous trouvons, aujourd'hui encore, matière à repenser - à remonter, poétiquement et politiquement - la folie de notre histoire.
Georges Didi-Huberman est né en 1953 à Saint-Etienne. Historien de l'art et philosophe, il enseigne à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
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Martin Guerre était un paysan français du XVIe siècle établi dans le village Pyrénéen d'Artigat. Âgé
de quatorze ans, il épouse Bertrande, fille d'une famille aisée. Accusé de vol de grain, il quitte
brusquement sa famille en 1548. La loi ne permet pas alors à sa femme de se remarier. Huit ans
après, un homme surgit à Artigat, clamant être Martin Guerre. Il lui ressemble et connaît beaucoup
de détails de la vie de Martin et ainsi convainc la plupart des villageois, son oncle Pierre Guerre et
Bertrande, qu'il est Martin Guerre. Le nouveau Martin vit trois ans avec Bertrande et son fils. Il
réclame l'héritage de son père et entame même des poursuites contre son oncle, pour une partie
de cet héritage. Pierre Guerre devient soupçonneux. Il essaye de convaincre Bertrande que ce
Martin est un imposteur. Il tente même de le tuer, mais Bertrande l'en empêche.
Pendant ce temps, Pierre Guerre enquête dans les environs et pense avoir trouvé la véritable
identité de l'imposteur : Arnaud du Tilh, un homme de réputation douteuse d'un village proche. Il
lance alors un procès qui s'ouvre à Rieux en 1560. Bertrande témoigne tout d'abord qu'elle pensait
honnêtement que cet homme était son mari, puis qu'elle réalisa qu'il était un imposteur. Martin la
défie : si elle est prête à jurer qu'il n'est pas son mari, il est d'accord pour être exécuté - Bertrande
reste silencieuse.
Martin fait immédiatement appel auprès du parlement de Toulouse. Bertrande et Pierre sont
arrêtés, elle pour possible adultère, Pierre pour accusations mensongères. Martin plaide sa cause
avec éloquence : sous la pression du cupide Pierre, Bertrande s'est parjurée. Soudain le vrai Martin
resurgit au cours du procès, avec sa jambe de bois. Questionné à propos de son passé, il répondra
avec plus de détails à certaines questions, que l'imposteur ne saurait faire. Ce dernier, reconnu
coupable et condamné à mort pour adultère et fraude le 12 septembre 1560, continue à clamer son
innocence, assisté par le jeune Montaigne. Plus tard, Arnaud du Tilh reconnaîtra les faits : il avait
appris la vie de Martin Guerre après que deux hommes l'aient confondu avec le vrai Martin. Il est
condamné à mort, pendu et brulé devant la maison de Martin quatre jours plus tard. Durant son
absence, le vrai Martin Guerre était parti en Espagne où il servit un cardinal, et plus tard dans
l'armée de Pedro de Mendoza. La raison de son retour, au moment même du procès, est restée
inconnue.
De nos jours, la plupart des commentateurs pensent que Bertrande a silencieusement pris part à la
fraude : elle avait besoin d'un mari et était bien traitée par Arnaud. L'improbabilité de confondre un
étranger avec son mari, le soutien qu'elle apporta à l'imposteur jusqu'au dernier moment, et les
détails de vie commune semblant avoir été préparés d'avance, sont cités comme présomptions de
cette thèse.
À travers les époques, cette histoire a fasciné beaucoup d'écrivains, comme Alexandre Dumas,
avant que l'historienne Natalie Zemon Davis se penche à son tour sur cet épisode.
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Peuples exposés, peuples figurants ; l'oeil de l'histoire Tome 4
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 8 Novembre 2012
- 9782707322654
On s'interroge, dans ce livre, sur la façon dont les peuples sont représentés : question indissolublement esthétique et politique. Les peuples aujourd'hui semblent exposés plus qu'ils ne l'ont jamais été. Ils sont, en réalité, sous-exposés dans l'ombre de leurs mises sous censure ou - pour un résultat d'invisibilité équivalent - sur-exposés dans la lumière artificielle de leurs mises en spectacle. Bref ils sont, comme trop souvent, exposés à disparaître.
À partir des exigences formulées par Walter Benjamin (une histoire ne vaut que si elle donne voix aux " sans noms ") ou par Hannah Arendt (une politique ne vaut que si elle fait surgir ne fût-ce qu'une " parcelle d'humanité "), on interroge ici les conditions d'une possible représentation des peuples. Cela passe moins par l'histoire du portrait de groupe hollandais et des " portraits de troupes " totalitaires que par l'attention spécifique accordée aux " petits peuples " par les poètes (Villon, Hugo, Baudelaire par exemple), les peintres (Rembrandt, Goya ou Gustave Courbet), les photographes (Walker Evans, August Sander ou, pour un exemple contemporain, Philippe Bazin).
Le cinéma, quant à lui, nomme figurants ces " petits peuples " devant lesquels agissent et s'agitent les " acteurs principaux ", les stars comme on dit. D'où que les figurants incarnent un enjeu crucial, historique et politique, du cinéma lui-même, depuis sa naissance - La Sortie des usines Lumière - jusqu'à ses élaborations modernes chez Eisenstein et Rossellini, et bien au-delà encore. Une longue analyse est ici consacrée au travail de Pier Paolo Pasolini, à sa façon de retrouver les " peuples perdus " dans leurs " gestes survivants ", selon un processus que permettent d'éclairer les analyses d'Erich Auerbach (pour les formes poétiques), d'Aby Warburg (pour les formes visuelles) et d'Ernesto De Martino (pour les formes sociales). Sans oublier quelques exemples plus contemporains, tel que le film du Chinois Wang Bing intitulé, précisément, L'Homme sans nom.
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Rose Zehner et Willy Ronis, naissance d'une image
Tangui Perron
- Éditions de l'Atelier
- Sciences Humaines
- 17 Février 2022
- 9782708253841
Au printemps 1938, lors des grèves chez Citroën, le photographe Willy Ronis réalise un reportage pour le magazine Regards dans l'usine Javel à Paris. Il prend en photo Rose Zehner, militante et ouvrière, alors qu'elle harangue une foule de camarades. Mais il ne confie pas cette photographie à la rédaction du journal et l'oublie.
Ce n'est qu'en 1980 que Willy Ronis, parcourant ses archives, retrouve ce cliché. L'année suivante, L'Humanité le publie ; l'image se met alors à circuler dans la presse et arrive sous les yeux de Rose Zehner. Celle-ci entre en relation avec le photographe, tandis que le grand public découvre une photographie qui, quarante ans après, va faire de Rose une figure de la lutte et du féminisme ouvriers.
Des grandes grèves de 1938 à la naissance d'une figure iconique en 1980, de Willy Ronis à Rose Zehner, Tangui Perron raconte l'histoire singulière de cette célèbre photographie longtemps oubliée.
Accompagnée dans cet ouvrage d'une vingtaine d'autres clichés de Willy Ronis, la photo de Rose Zehner est le point de départ d'une enquête pour comprendre l'origine et le destin d'une image. L'auteur reconstitue un contexte politique, social et culturel, et retrace les parcours d'une militante et d'un photographe engagé qui, chacun à leur manière, ont écrit un morceau de notre histoire.
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Peuples en larmes, peuples en armes. L'Oeil de l'histoire, 6
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 18 Mars 2016
- 9782707329622
Il en est - au regard de l'histoire et de la politique - des émotions comme des images (les deux étant d'ailleurs souvent mêlées) : on a tendance à tout leur demander ou, au contraire, à tout leur refuser. La première attitude, assez commune, prolonge la confiance en croyance et se livre bientôt à ce « marché aux pleurs » des émotions médiatisées qui finit par tuer toute vérité de l'émotion comme toute émotion de la vérité. La seconde attitude, plus élitiste, prolonge la méfiance en rejet, en mépris et, finalement, en ignorance pure et simple des émotions comme des images : elle supprime son objet au lieu de le critiquer. Il fallait donc envisager une approche plus dialectique.
Ce livre en est la tentative, focalisée - après une brève histoire philosophique de la question - sur l'analyse d'une seule situation, mais exemplaire : un homme est mort de mort injuste et violente, et des femmes se rassemblent pour le pleurer, se lamenter. C'est bientôt tout un peuple en larmes qui les rejoindra. Or cette situation, que l'on observe partout et de tout temps, a été remarquablement construite en images par Sergueï Eisenstein dans son célèbre film Le Cuirassé Potemkine. Mais comment se fait-il que Roland Barthes, l'une des voix les plus influentes dans le domaine du discours contemporain sur les images, a considéré cette construction du pathos comme vulgaire et « pitoyable », nulle et non avenue ?
La première réponse à cette question consiste, ici, à repenser de bout en bout le parcours de Roland Barthes dans ses propres émotions d'images : depuis les années 1950 où il admirait encore le pathos tragique, jusqu'à l'époque de La Chambre claire où il substitua au mot pathos, désormais détesté, un mot bien plus subtil et rare, le pothos.
La meilleure réponse à la critique barthésienne sera fournie par Eisenstein lui-même dans la structure de sa séquence d'images comme dans le discours - immense, profus, génial, aussi important que celui des plus grands penseurs de son temps - qu'il tient sur la question des images pathétiques. On découvre alors une émotion qui sait dire nous et pas seulement je, un pathos qui n'est pas seulement subi mais se constitue en praxis : lorsque les vieilles pleureuses d'Odessa, autour du corps du matelot mort, passent de lamentation à colère, « portent plainte » et réclament justice pour faire naître ce peuple en armes de la révolution qui vient. -
L'oeil de l'histoire Tome 2 ; remontages du temps subi
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 14 Octobre 2010
- 9782707321367
Quel est le rôle des images dans la lisibilité de l'histoire ? C'est la question reposée dans ce livre. Là où Images malgré tout tentait de donner à comprendre quelques images-témoignages produites depuis l'" oeil du cyclone " lui-même - le camp d'Auschwitz en pleine activité de destruction - cet essai traite, en quelque sorte, des images après coup et, donc, de la mémoire visuelle du désastre.
Une première étude s'attache à reconstituer les conditions de visibilité et de lisibilité - concurrentes ou concomitantes - au moment de l'ouverture des camps nazis. Elle se focalise sur les images filmées par Samuel Fuller en 1945 au camp de Falkenau et sur la tentative, une quarantaine d'années plus tard, pour en faire un montage doué de sens, une " brève leçon d'humanité ".
Une seconde étude retrace les différentes procédures par lesquelles le cinéaste et artiste allemand Harun Farocki revisite - et remonte - certains documents de la violence politique. On découvre alors ce que c'est, aujourd'hui, qu'une possible restitution de l'histoire dans le travail des images. Deux essais plus brefs évoquent successivement l'activité photographique d'Agustí Centelles au camp de Bram en 1939 (ou comment un prisonnier regarde les autres prisonniers) et le questionnement actuel de Christian Boltanski sur l'image en tant que reconnaissance, transmission et oeuvre de dignité.
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Sablé-sur-Sarthe, Sarthe ; éditeur
Paul Otchakovsky-laurens
- P.O.L.
- Audio & Video
- 19 Novembre 2020
- 3760123579124
Ce coffret contient les deux films documentaires et autobiographiques réalisés par Paul Otchakovsky-Laurens. Dans son premier film Sablé-sur-Sarthe, Sarthe, Paul Otchakovsky-Laurens raconte son enfance dans cette petite ville. On lui a imposé le silence. Il partage son secret. Avec notamment Marie Chaix, Anne Devauchelle et Jean-Paul Hirsch. Images : Emmelene Landon. Éditeur, le deuxième film de Paul Otchakovsky-Laurens, met en scène les raisons singulières pour lesquelles il exerce son métier. Sa vérité. Avec Jocelyne Desverchère et Antony Moreau, et la participation notamment d'Emmanuelle Bayamack-Tam, Olivier Cadiot, Antonie Delebecque, Paul Fournel, Kiko Herrero, Jean-Paul Hirsch, Vibeke Madsen, Michel Manière, Serge Ramon, Julie Wolkenstein.
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L'histoire a toujours été écrite par les vainqueurs. Il est temps de changer de point de vue. Dans ce récit à l'ambition peu commune, Raoul Peck adopte radicalement la position des peuples conquis, vendus, déportés, tués au long des six cents années d'entreprises coloniales européennes. Il déconstruit l'histoire officielle pour tisser un texte robuste autour de l'extermination des Indiens d'Amérique, de l'esclavage des peuples d'Afrique, des colonisations et de la Shoah.Sous le patronage de Joseph Conrad et en compagnie de Sven Lindqvist, Roxanne Dunbar-Ortiz et Michel-Rolph Trouillot, il remonte aux origines du racisme, à l'invention du «Blanc» et autres fictions qui conditionnent encore notre présent.«Peut-être l'oeuvre documentaire la plus politiquement radicale et intellectuellement la plus stimulante jamais produite pour la télévision.»Time (au sujet de la série Exterminate All the Brutes).
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Shoah, une double référence ? des faits au film, du film aux faits
Rémy Besson
- Mkf
- Les Essais Visuels
- 27 Mars 2017
- 9791092305364
Shoah de Claude Lanzmann est aujourd'hui considéré comme une référence. Le film a en grande partie défini la manière dont est traité et représenté le génocide des juifs, au point d'imposer l'usage du terme «shoah» dans la langue courante. Pendant des années, il a été quelque peu difficile de contenir l'émotion que procure le film, et de tenter une approche distanciée, voire parfois critique. Dans les années 2000, un événement va notablement modifier la situation : la mise à disposition des rushs de Shoah au Musée Mémorial de l'Holocauste (Washington).
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Entre mai 1943 et mars 1944, sur le territoire français encore occupé, seize hommes appartenant à tous les partis politiques, tous les syndicats et tous les mouvements de résistance vont changer durablement le visage de la France. Ils vont rédiger le programme du Conseil National de la Résistance intitulé magnifiquement : « Les jours heureux ».
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Les écrans de l'ombre ; la seconde guerre mondiale dans le cinéma français (1944-1969)
Sylvie Lindeperg
- Points
- Points Histoire
- 10 Avril 2014
- 9782757837467
Première édition : CNRS Éditions (1997) (prix Jean Mitry de l'Institut Jean Vigo) Quel usage le cinéma fait-il de l'histoire ? Telle est l'interrogation qui sous-tend l'ensemble de cet ouvrage consacré aux représentations filmées de la Seconde Guerre mondiale, depuis la Libération. Analysant la naissance puis la postérité des mythologies héroïques forgées par les films français d'après-guerre, l'auteur révèle comment l'histoire des « années noires » fut l'enjeu d'une bataille de mémoire cinématographique. En envisageant le film comme un palimpseste dont il s'agit de chercher les traces de fabrication, elle montre que le cinéma est à la fois opérateur de mémoire, pourvoyeur de récit et symptôme d'une histoire sociale, politique et culturelle. On redécouvre alors sous un jour nouveau les classiques du cinéma, de La Bataille du rail à L'Armée des Ombres en passant par Nuit et Brouillard, La Grande Vadrouille et Paris brûle-t-il ?, mais aussi des oeuvres méconnues dont l'échec ou la proscription constituent autant de révélateurs d'une époque.
Une postface inédite analyse comment les cadres historiques et sociaux de la représentation de la Seconde Guerre mondiale se sont transformés et déplacés à partir des années 1970 : mode rétro, mondialisation du marché cinématographique, montée en puissance de la télévision et recouvrement de l'histoire de la Résistance par celle de la Shoah.
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Terrorisme, mythes et représentations ; la raf, de fassbinder aux t-shirts prada-meinhof
Thomas Elsaesser
- Tausend Augen
- 4 Avril 2005
- 9782952281317
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Dictionnaire de la nouvelle vague
Noël Simsolo
- Flammarion
- Pop Culture
- 13 Novembre 2013
- 9782081293601
Janvier 1954 : la parution du texte-manifeste de François Truffaut « Une certaine tendance du cinéma français » dans Les Cahiers du cinéma fait l'effet d'une bombe. Il y fustige la « qualité française », et fulmine contre ce cinéma fait d'adaptations littéraires et de mots d'auteur.
Rupture dans le scénario, rupture dans le dialogue, dans le son, dans l'éclairage, dans la direction des acteurs, rupture totale avec la tradition de la « qualité française », avec le tournage en studio, avec la pudeur et le bon goût... Les cinéastes de la Nouvelle Vague tournent en extérieur avec du matériel léger autant par goût que par manque de moyens financiers.
Jean-Luc Godard ne cessera jamais de rappeler l'importance de la synchronicité entre l'aspiration de sa génération de cinéastes et l'apparition de moyens techniques adéquats...
Le Beau Serge et Les Cousins de Claude Chabrol, Les 400 coups de François Truffaut, ou À bout de souffle de Jean-Luc Godard... imposent la « Nouvelle Vague » du cinéma français.
Une génération entière - plus d'une centaine - de réalisateurs, de scénaristes, de comédiens de techniciens... sera à l'origine du plus important mouvement artistique de l'histoire du cinéma.