Un homme a écrit un énorme scénario sur la vie de Herman Melville : The Great Melville, dont aucun producteur ne veut. Un jour, on lui procure le numéro de téléphone du grand cinéaste américain Michael Cimino, le réalisateur mythique de Voyage au bout de l'enfer et de La Porte du paradis. Une rencontre a lieu à New York : Cimino lit le manuscrit. S'en suit une série d'aventures rocambolesques entre le musée de la Chasse à Paris, l'île d'Ellis Island au large de New York, et un lac en Italie. On y croise Isabelle Huppert, la déesse Diane, un dalmatien nommé Sabbat, un voisin démoniaque et deux moustachus louches ; il y a aussi une jolie thésarde, une concierge retorse et un très agressif maître d'hôtel sosie d'Emmanuel Macron. Quelle vérité scintille entre cinéma et littérature ? La comédie de notre vie cache une histoire sacrée : ce roman part à sa recherche.
« Soudain, trouant le silence, une voix me demanda : «Si vous ne souhaitez pas voir l'empereur, qui d'autre pourriez-vous avoir envie de rencontrer au Japon ?» » À cette question, Werner Herzog répondit sans hésiter : « Onoda. » Le nom, à lui seul, a l'apparence d'une énigme. En 1945, lorsque le Japon capitule, Hiroo Onoda est un soldat de l'armée impériale à qui l'on a confié la défense d'une petite île des Philippines. Ignorant la défaite de son pays, retranché dans la jungle, il continuera pendant près de trente ans une guerre imaginaire où les véritables ennemis sont moins les troupes américaines qu'une nature hostile... et ses propres démons. Werner Herzog, qui a consacré ses plus grands films à la folie des hommes, imagine les scènes de ce combat épique et absurde, mené à la frontière indécise du rêve et de la réalité. Jusqu'à un face-à-face vertigineux avec Onoda, qu'il a personnellement connu. À la fois roman d'aventure, docufiction et poème halluciné, Le Crépuscule du monde est une méditation sur le sens que nous donnons à nos vies.
Dans la chaleur exaltante de l'été 1977, la jeune Calista quitte sa Grèce natale pour découvrir le monde. Sac au dos, elle traverse les États-Unis et se retrouve à Los Angeles, où elle fait une rencontre qui bouleversera sa vie : par le plus grand des hasards, la voici à la table du célèbre cinéaste hollywoodien Billy Wilder, dont elle ne connaît absolument rien. Quelques mois plus tard, sur une île grecque transformée en plateau de cinéma, elle retrouve le réalisateur et devient son interprète le temps d'un fol été, sur le tournage de son avant-dernier film, Fedora. Tandis que la jeune femme s'enivre de cette nouvelle aventure dans les coulisses du septième art, Billy Wilder vit ce tournage comme son chant du cygne. Conscient que sa gloire commence à se faner, rejeté par les studios américains et réalisant un film auquel peu de personnes croient vraiment, il entraîne Calista sur la piste de son passé, au coeur de ses souvenirs familiaux les plus sombres.
Roman de formation touchant et portrait intime d'une des figures les plus emblématiques du cinéma, Billy Wilder et moi reconstitue avec une fascinante précision l'atmosphère d'une époque. Jonathan Coe raconte avec tendresse, humour et nostalgie les dernières années de carrière d'une icône, et nous offre une histoire irrésistible sur le temps qui passe, la célébrité, la famille et le poids du passé.
Sylvie Durastanti a été la compagne du cinéaste Jean Eustache, pendant les dernières années de sa vie.
Pour le réalisateur de La Maman et la Putain, elle a écrit trois scénarios : Offre d'emploi, Un moment d'absence et Nous Deux roman-photo. Jean Eustache a réalisé le premier. Il préparait le tournage des deux autres, avant sa mort en 1981.
Durant quatre décennies, Sylvie Durastanti a gardé ces deux derniers textes par-devers elle. Plus que des scénarios, Un moment d'absence et Nous Deux roman-photo nous apparaissent aujourd'hui avec la force d'oeuvres littéraires à part entière, impressionnantes de dépouillement et de crudité.
Une troisième partie complète cet ensemble : Pourquoi j'ai écrit certains de mes textes, qui expose, sans pudeur inutile, les circonstances particulières du travail de Sylvie Durastanti pour Jean Eustache.
Réalisateur culte, Quentin Tarantino fait une entrée aussi fracassante qu'attendue en littérature. De la Toile à la page, il transcende son style unique, son inventivité débordante et son sens phénoménal du dialogue et du récit pour livrer un premier roman d'une incroyable virtuosité. Des répliques désopilantes, des péripéties haletantes, une fresque épique du Los Angeles de 1969... Il était une fois à Hollywood, librement inspiré de son film primé aux Oscars, est un véritable tour de force, un premier roman savoureux et déjanté.
Hollywood 1969... comme si vous y étiez !
RICK DALTON - Il fut un temps, Rick avait son propre feuilleton télé. Aujourd'hui, c'est un acteur rincé, condamné à jouer les crapules à la petite semaine, qui noie son chagrin dans les whisky sour. Un coup de fil de Rome : sauvera-t-il son destin ou le scellera-t-il ?
CLIFF BOOTH - Doublure cascade de Rick, il est l'homme à la réputation la plus sulfureuse de tous les plateaux de tournage - car il est le seul à avoir (peut-être) commis un meurtre et à s'en être tiré.
SHARON TATE - Elle a quitté son Texas natal en rêvant de devenir star de cinéma. Et ce rêve, elle l'a réalisé. Sharon passe désormais ses jeunes années dans sa villa de Cielo Drive, là-haut, dans les collines de Hollywood.
CHARLES MANSON - L'ancien taulard a convaincu une bande de hippies azimutés qu'il était leur leader spirituel. Mais il changerait bien de casquette pour devenir une star du rock'n'roll.
Dans le but d'asseoir sa réputation auprès des voyous d'un quartier romain, Tommasino s'adonne à la violence. Devenu un de ces vitelloni, il mène une existence fulgurante. La prison puis la maladie sauront-elles le guider sur le chemin de la rédemption ? Le choix du réalisme, chez Pasolini, est moral et politique : la fugacité de ce destin, la brutalité d'une jeunesse égarée, interrogent le devenir de toute l'Italie d'après-guerre.
Celui qui se présente ici comme narrateur en est donc réduit à parler d'un film, d'un seul film, du même film qu'il a vu des dizaines et des dizaines de fois. Toute remarque, tout commentaire, il les a notés, consignés dans un cahier, jour après jour. Son existence est minée par le film. Ses goûts et ses jugements, il les doit au film. Ses amis comme ses ennemis, il les doit à l'opinion qu'ils se sont faite sur le film. À vrai dire, sa vie ne tient qu'à un film.
Évidemment, Cinéma est un roman, et l'on se doute qu'il ne s'agit pas de parler d'un film, de discourir sur un film. Il s'agirait plutôt d'une tentative renversée d'adaptation, au sens où ce mot est employé lorsqu'un cinéaste s'empare d'un livre, un livre qui le hanterait au point qu'il lui faille aussi en finir avec cette fascination, s'en débarrasser en tâchant d'en percer le mystère. En finir, en somme, à la manière du limier attaché aux basques de l'assassin, avec ce rapport d'admiration-répulsion que les meilleurs détectives de la littérature policière entretiennent toujours avec l'homme qu'ils chassent pour le rabattre vers le lecteur jusqu'à l'hallali final.
Bertrand Leclair, Les Inrockuptibles.
Dans un monde dystopique furieusement proche du nôtre, le jeune Alex s'ingénie à commettre le mal sans le moindre remords : en compagnie de ses drougs, il se livre à la bastonnade, au viol et à la torture au son de musique classique. Bientôt incarcéré, il subit un traitement chimique qui le rend allergique à toute forme de violence. À sa sortie, devenu doux comme un agneau, il endure les avanies que lui infligent les anciens membres de sa horde dont certains sont passés du côté du service d'ordre, avant d'être recueilli par une de ses victimes... Tout le génie de Burgess éclate dans ce livre sans équivalent, entre roman d'anticipation et conte philosophique, qui s'interroge sur la violence, le mal et la question du libre arbitre. Burgess, qui fut linguiste et compositeur avant de devenir romancier, réussit en outre le prodige d'inventer une langue, le nadsat, dans laquelle son héros et narrateur Alex raconte sa propre histoire.
À l'occasion des cent ans de la naissance d'Anthony Burgess, son roman culte, L'Orange mécanique, s'enrichit aujourd'hui d'une postface inédite de l'auteur sur l'adaptation de Stanley Kubrick, ainsi que de fac-similés de son tapuscrit illustré par ses propres dessins, permettant de donner un éclairage nouveau à ce classique de la littérature anglaise.
Rabalaïre, en occitan, désigne une personne seule qui n'est jamais chez elle, « un mec qui va à droite, à gauche, un homme qui aime bien aller chez les gens ». Ici, le rabalaïre, c'est Jacques, chômeur, passionné de vélo, solitaire mais d'une humanité à toute épreuve, et qui, entre Clermont-Ferrand, les monts d'Auvergne et l'Aveyron, va connaître, plus ou moins malgré lui, toute une série d'aventures rocambolesques, mystérieuses, voire criminelles. Il aime Robert qui vit avec ses vieux parents. Il va faire la rencontre de personnages étonnants : un vieux berger qui ne parle qu'occitan et distille la Brigoule, une gnôle aux pouvoirs surpuissants qui sera l'objet d'un trafic dans la région, un curé pas toujours orthodoxe, un peu chaman, qui initie Jacques aux voyages dans le pays des morts, Ysaline, une jeune prostituée dont Jacques tombe amoureux, un « Collectif d'action citoyenne », des terroristes islamistes et des attentats à Clermont-Ferrand sur fond de racisme et de suspicion généralisée, Rosine, propriétaire de bar à Gogueluz, veuve et débordante d'affection malgré la jalousie de son fils Eric, et de très nombreux amants. Ses divagations à vélo, sur le col de l'Homme mort, en forêt, ou sous les effets de la drogue, de l'excitation sexuelle, conduisent Jacques à des situations ambigües, parfois extrêmes. Grand roman picaresque, cru et sexuel, mais aussi roman d'amour, roman politique et social, roman de terroir et de la nature, roman populaire, roman policier (plusieurs crimes sont commis), et parfois fantastique. C'est l'histoire revisitée, drôle et cruelle, d'une France oubliée, celle d'aujourd'hui, de la paupérisation des campagnes et des provinces, l'histoire des gens de pays, de leurs corps, de leur langue, l'histoire des déclassés et marginaux, des étrangers, d'une nation à l'abandon, d'un peuple très divers aux moeurs débridées et décomplexées, et aux croyances multiples parfois mystiques. Le tout dans une langue populaire, orale, puissante et joyeuse.
Lorsque bergman jette, comme ici, un regard sur sa vie, c'est un homme profondément marqué par une éducation rigide et par une imagination débordante qui parle.
Mais c'est surtout un homme de spectacle : a la fois directeur de théâtre et réalisateur de films, il a vécu dans la fièvre, entre moments de grâce et échecs. il s'exprime dans complaisances dans ses jugements, qu'il s'agisse d'inconnus, de vedettes - telles que laurence olivier, greta garbo ou herbert von karajan, avec qui il a travaillé - ou de lui-même. mémoires, ou plutôt antimémoires, " confessions " modernes, ce livre témoigne de blessures et de crises, mais aussi de rêves et de bonheurs, et il foisonne de souvenirs d'un étrange rayonnement.
"La traque des étudiants se poursuivait boulevard Saint-Germain et rue Saint-Jacques. Des groupes de jeunes, garçons et filles mélangés, se battaient à mains nues contre les matraques des policiers, d'autres lançaient différents objets ramassés sur les trottoirs. Parfois, des fumées m'empêchaient de distinguer qui attaquait qui. Nous apprendrions plus tard qu'il s'agissait de gaz lacrymogènes.
Le téléphone sonna.
C'était Jean-Luc, très inquiet, qui craignait que je n'aie pas eu le temps de regagner notre appartement. 'Écoute Europe numéro 1, ça barde au Quartier latin !' Nous étions le 3 mai 1968." Anne Wiazemsky
En 1929, Friedrich Murnau, l'un des plus grands cinéastes au monde, abandonne le confort d'Hollywood pour rallier, à bord d'un petit voilier, les Marquises d'abord puis Tahiti et Bora-Bora. C'est là qu'il réalise Tabou, « le plus beau film du plus grand auteur de films », selon Éric Rohmer.
Mais ce chef-d'oeuvre incomparable est maudit. Son tournage sera marqué par les drames et les catastrophes. Et Murnau, comme basculant dans son propre film, mourra tragiquement une semaine avant la première du long-métrage.
Murnau des ténèbres est le roman vrai de cette expédition fascinante. Dans un style à la beauté envoûtante, Nicolas Chemla conjugue le récit d'aventures, le conte fantastique et la méditation philosophique. À la frontière du rêve et de la réalité, de la vérité et de la fiction, il signe un texte à rebours de toutes les modes et renoue avec le souffle des grands écrivains-voyageurs comme Joseph Conrad, Herman Melville ou Pierre Loti.
Rentrée littéraire 2021 ;
Présenté pour la première fois dans sa version intégrale, La longue route de sable est accompagné du tapuscrit original de Pier Paolo Pasolini, daté de 1959. Philippe Séclier, ayant mis ses pas dans ceux du poète, nous rapporte ici - à travers documents, manuscrits, lettres, et ses propres photographies - les étapes d'un voyage singulier le long des côtes italiennes. Comme si ces deux Italie, seulement séparées par le temps, ne faisaient plus qu'une.
La longue route de sable a été Lauréat du Grand Prix du livre Thomas Cook en 2005.
Un combat de boxe c'est quinze rounds de violence, de calcul, d'espoirs, de renoncements, d'erreurs tactiques, de beaux gestes fulgurants, c'est un jeu de massacre dont il faut sortir à temps, c'est une course contre soi-même et contre l'autre, l'adversaire qu'on croit battre et qui se relève sans fin jusqu'au moment où c'est lui qui vous abat. Quinze rounds c'est le récit halluciné d'un homme devenu fou qui revit sans fin, devant qui veut l'entendre, le calvaire de son dernier combat, celui de trop, celui dont on ne se remet pas.
Raconté minute par minute, il nous tient entre les quatre cordes de ce récit syncopé, virtuose, frénétique, exténuant, toujours à la lisière de l'épuisement.
Rarement boxe et littérature auront aussi bien dansé ensemble.
Plusieurs destins s'entrelacent dans ce nouveau récit de Nathalie Léger. Ils se nouent autour d'un film, Wanda, réalisé en 1970 par Barbara Loden, un film admiré par Marguerite Duras, une oeuvre majeure du cinéma d'avant-garde américain. Il s'agit du seul film de Barbara Loden. Elle écrit, réalise et interprète le rôle de Wanda à partir d'un fait divers : l'errance désastreuse d'une jeune femme embarquée dans un hold up, et qui remercie le juge de sa condamnation. Barbara Loden est Wanda, comme on dit au cinéma. Son souvenir accompagne la narratrice dans une recherche qui interroge tout autant l'énigme d'une déambulation solitaire que le pouvoir (ou l'impuissance) de l'écriture romanesque à conduire cette enquête.
Il y a d'abord l'errance de cette femme, Wanda, apparemment sans attaches et sans désirs ; il y a ensuite la recherche de Barbara Loden, une actrice rare, une cinéaste inspirée, une femme secrètement blessée, et qui cherche la vérité de son existence à travers un fait divers ; il y a enfin l'enquête de la narratrice. Trois destins entremêlés pour une même recherche sans objet, une même façon d'esquiver ou d'affronter la réalité. Wanda/Barbara : qu'est-ce que l'une cherche à travers l'autre, et qu'est-ce que la narratrice cherche à travers elles ?
Barbara Loden est née en 1932, six ans après Marilyn Monroe, la même année qu'Elizabeth Taylor, Delphine Seyrig et Anouk Aimée. Elle a trente-huit ans lorsqu'elle réalise et interprète Wanda en 1970. Elle est la seconde femme d'Elia Kazan. Elle a joué dans Le Fleuve sauvage et dans La Fièvre dans le sang. Elle devait jouer dans The Swimmer avec Burt Lancaster, mais ce fut Janet Landgare qui eut le rôle ; elle devait jouer dans L'Arrangement avec Kirk Douglas, mais ce fut Faye Dunaway qui eut le rôle. Elle est morte jeune, à quarante-huit ans. Wanda est son premier et son dernier film. Quoi d'autre ? Comment la décrire, comment décrire un corps et une présence inconnus ? La narratrice lit des témoignages, regarde des images, décrit le film, tente de s'approprier un visage, de découvrir ! un corps sous un autre, elle cherche à reconstituer les bribes d'une vie pour la tirer un instant de l'oubli, et revenir sur sa propre amnésie.
Passer quoi qu'il en coûte se compose d'une part d'un poème, en version bilingue, de Niki Giannari intitulé Des spectres hantent l'Europe (pages 11 à 21) et d'un texte de Georges Didi-Huberman intitulé Eux qui traversent les murs (pages 25 à 88). Les 11 illustrations de ce livre sont tirées d'un documentaire, Des spectres hantent l'Europe, tourné dans un camp à Idomeni en Grèce dont Niki Giannari est coauteur avec Maria Kourkouta.
Le roman Ozu est inspiré de la vie du cinéaste japonais Yasujirô Ozu (1903-1963), qui a réalisé plus de cinquante films, dont les célèbres Voyage à Tokyo (1953) et Le goût du saké (1962). Cinéaste de l'intime, du couple, de la famille, mais aussi de l'amitié, dans un Japon d'après-guerre tiraillé entre modernité et tradition, Ozu fascine par la perfection formelle de ses films et le jeu retenu de ses acteurs. Ses films n'ont été découverts en France qu'au début des années 1980 !
La vie d'Ozu est inséparable du cinéma auquel il se consacrera corps et âme. La littérature, la musique, la peinture compteront également pour lui. Et le saké, qui l'accompagnera sa vie durant.
Travail, drames et succès, amours et ivresse... Marc Pautrel réinvente fidèlement la vie étonnante d'Ozu dans un roman limpide et habilement construit, plein de tendresse, de surprises, de cinéma, de vie, où le portrait, les situations, le décor - Tokyo, Kyoto, Tateshina, Kamakura, ville ou montagne -, les aléas, les retournements, tout s'enchâsse naturellement. Fluidité d'un récit qu'on ne lâchera plus jusqu'à la fin, une fin qui n'en est pas vraiment une.
Composé d'aphorismes, de fragments, de vignettes où tout s'interpénètre et se répond dans un jeu subtil de correspondances et d'analogies, ce texte relate l'expérience d'un homme promenant son regard enflammé de désir sur les objets, l'histoire de la pensée, le couple, le monde de l'enfance, la mort et le deuil.
J'ai beaucoup risqué en écrivant actes impurs et amado mio.
Je ne sais pas si les sujets si scabreux de ces deux récits sont suffisamment nécessaires et objectivés ; je suppose même que certains, si je disais le nom du péché... ne liraient peut-être même pas la première page du livre. paolo et desiderio luttent-ils assez contre leur amour ? il est vrai, tant que la passion les consume, leur péché se consume avec eux ; mais au-delà de cette passion, où il n'y a que sensualité, qu'est-ce qui les justifie ? l'anormalité de leur amour est déjà une peine assez lourde, une "condamnation à vie", c'est vrai ; mais suffit-il de souffrir pour se racheter ?
L
Naomi Seberg et Nathan Math oeuvrent avec succès dans le photojournalisme à sensation de l'ère des nouveaux médias. À la fois amants et concurrents professionnels, ils arpentent le globe séparément, ne se croisent que dans des hôtels d'aéroports ou n'ont de rapports que par Internet, et sont toujours en recherche d'histoires spectaculaires - si possibles sordides.
Celle de Célestine et Aristide Arosteguy, anciens professeurs de philosophie à la Sorbonne et couple libertin, a tout pour attirer Naomi. Célestine a en effet été retrouvée morte, mutilée, dans son appartement parisien. La police suspecte son mari, qui a disparu, de l'avoir assassinée et d'avoir mangé des parties de son corps. Avec l'aide d'Hervé Blomqvist, un étudiant singulier, elle se lance sur les traces d'Aristide, qui la mènent jusqu'à Tokyo.
De son côté, Nathan se trouve à Budapest pour photographier le travail d'un chirurgien controversé, Zoltán Molnár, qui a été recherché par Interpol pour trafic d'organes et pratique désormais des interventions illégales. En couchant avec l'une des patientes de Molnár, Nathan contracte l'étrange « maladie de Roiphe », que l'ont croyait disparue. Il s'envole alors pour Toronto, bien décidé à rencontrer le médecin qui a identifié ce mystérieux syndrome.
Ces histoires parallèles finissent par se croiser dans une intrigue hallucinée mêlant la technologie et le corps, l'impression 3D et la philosophie, le festival de Cannes et le cannibalisme, la mort et le sexe sous toutes ses formes (fétichisme, voyeurisme, échangisme.).
Cinéaste culte et mondialement reconnu (Videodrome, La Mouche, EXistenZ.), David Cronenberg poursuit dans ce premier roman son exploration de la noirceur psychologique et physique de l'être humain. Nous retrouvons dans Consumés les thèmes et l'esthétique de ses films, ses fascinations et ses obsessions.
Traduit de l'anglais (canadien) par Clélia Laventure
Lucie entre dans une école de cinéma, elle travaille dans une friperie, elle a vingt ans. Elle se regarde, se photographie, et sur les réseaux envoie son image. Son prof l'ignore. Elle voudrait être blonde comme l'autre, ses cheveux sont crépus. Elle découvre of the blue Dennis Hopper, et Cebe, incarnée par Linda Manz, la fascine. Elle voudrait être Cebe parce que c'est une héroïne révoltée, violente et désespérée. Mais pas facile de se révolter comme ça, de nos jours. Lucie essaie, se fait un film. Elle joue la révolte la violence la passion. Avec la rage de réussir à Paris. Coûte que coûte. Et l'écriture cingle comme une gifle.
Alexander Kluge est relativement connu, en France, pour sa filmographie, abondante et variée, qui a d'ailleurs fait l'objet d'une large rétrospective à la Cinématèque Française en 2013. L'écrivain est en revanche ici pratiquement ignoré, sinon des germanistes, alors qu'il est une des figures les plus célèbres de la littérature allemande contemporaine et salué comme tel par les médias allemands, le public, l'édition.
Son originalité réside dans une manière de parler de la réalité contemporaine allemande en s'appuyant aussi bien sur son immense culture classique que sur un maniement très original de la fiction, à travers, le plus souvent, de brèves séquences qui sont autant d'apologues dont la juxtaposition et l'accumulation finissent par composer une véritable fresque de l'histoire de son pays et, au-delà, de celle de la pensée et de la sensibilité occidentales.
Cette écriture, cette démarche si originales sont actuellement absentes du paysage littéraire français, c'est la raison pour laquelle une traduction de l'ensemble de cette gigantesque entreprise qu'est « Chronique des sentiments » nous a paru indispensable.
Les sentiments sont les véritables occupants des vies humaines. On peut dire d'eux ce que l'on a dit des Celtes (nos ancêtres, pour la plupart d'entre nous) : ils sont partout, seulement on ne les voit pas. Les sentiments font vivre (et forment) les institutions, ils sont impliqués dans les lois contraignantes, les hasards heureux, se manifestent à nos horizons, pour s'élever au-delà vers les galaxies. On les trouve dans tout ce qui nous concerne.
Ce dont les hommes ont besoin au cours de leurs vies, c'est de l'ORIENTATION. Comme il en faut aux bateaux. Telle est la fonction d'un si gros livre : que l'on compare, se sente rebuté ou attiré, dans la mesure vu qu'un livre fonctionne comme un miroir.
Nul ne lira autant de pages d'un seul coup. Chacun se contentera d'aller vérifier, comme dans un calendrier ou, précisément, une CHRONIQUE, ce qui le regarde. L'orientation subjective - savoir à quoi me fier, ce que je dois craindre, à quoi tiennent les actes délibérés - donnent ce courant de fond, que le temps qui court ne suffit pas à transformer et qui constitue la vraie chronique.
Revue et augmentée dans la nouvelle perspective ouverte par les archives et les entretiens avec des témoins tels que Bernardo Bertolucci et Olivier Assayas, cette biographie de Visconti trouve ici un relief tragique totalement inédit.