Un homme a écrit un énorme scénario sur la vie de Herman Melville : The Great Melville, dont aucun producteur ne veut. Un jour, on lui procure le numéro de téléphone du grand cinéaste américain Michael Cimino, le réalisateur mythique de Voyage au bout de l'enfer et de La Porte du paradis. Une rencontre a lieu à New York : Cimino lit le manuscrit. S'en suit une série d'aventures rocambolesques entre le musée de la Chasse à Paris, l'île d'Ellis Island au large de New York, et un lac en Italie. On y croise Isabelle Huppert, la déesse Diane, un dalmatien nommé Sabbat, un voisin démoniaque et deux moustachus louches ; il y a aussi une jolie thésarde, une concierge retorse et un très agressif maître d'hôtel sosie d'Emmanuel Macron. Quelle vérité scintille entre cinéma et littérature ? La comédie de notre vie cache une histoire sacrée : ce roman part à sa recherche.
Cinéaste et cinéphile, Bertrand Tavernier est l'auteur d'une filmographie riche et éclectique. À travers quinze témoignages inédits d'artistes et de proches du réalisateur, enrichis d'images et d'extraits de films, Laurent Delmas présente les grands thèmes qui traversent son oeuvre : les pères, les héroïnes, la guerre, la musique et les chansons, les faits divers, l'Histoire, les adaptations, l'engagement et la cinéphilie. Dans le prolongement de la série documentaire «Tavernier, le cinéma et rien d'autre» sur France Inter, on découvre un cinéaste à la fois ancré dans son époque et imprégné d'une tradition cinématographique française qui fait la part belle aux histoires, aux scénarios, aux dialogues et aux acteurs.Avec Stéphane Audoin-Rouzeau, Nathalie Baye, Luc Béraud, Christophe Blain, Thierry Frémaux, Julie Gayet, Xavier Giannoli, Marie Gillain, Laurent Heynemann, Isabelle Huppert, Stéphane Lerouge, Raphaël Personnaz, Philippe Sarde, Mélanie Thierry et Philippe Torreton.
Sur une photographie ancienne, il est cet enfant sage et mélancolique, déjà penché sur son livre... «Tout au long de notre vie, écrit François Truffaut, nous devenons des personnes différentes et successives, et c'est ce qui rend tellement étranges les livres de souvenirs. Une personne ultime s'efforce d'unifier tous ces personnages antérieurs.» Depuis sa première lettre de jeune cinéphile à Jean Cocteau, en 1948, jusqu'à sa disparition prématurée en 1984, c'est son goût commun pour la litt érature et le cinéma qui traverse cette Correspondance inédite.Truffaut s'y réinvente une famille de coeur auprès de ses écrivains de prédilection (Genet, Cocteau, Audiberti, Louise de Vilmorin), sollicite des figures renommées de l'édition (Jean Cayrol, Marcel Duhamel, Robert Sabatier) et les auteurs qu'il veut adapter à l'écran (Maurice Pons, David Goodis, Ray Bradbury, Henri Pierre Roché, René-Jean Clot...).Ce sont les coulisses de la création, les passions des tournages que l'on découvre ici, mais aussi les remises en question et les zones d'ombre d'un homme pressé, auquel le temps va cruellement manquer... Et c'est à son ami Jean Mambrino, le père jésuite rencontré en 1954 dans le sillage d'André Bazin, que Truffaut adresse ce dernier petit mot, quelques mois à peine avant sa mort:«Bonne année 1984, mon cher Jean. Je remonte la pente, je lis vos poèmes, ils m'aident et vos signes d'amitié me touchent beaucoup, affectueusement vôtre, françois.»
« Marpa fut très remué lorsque son fils fut tué, et l'un de ses disciples dit : "Vous nous disiez toujours que tout est illusion. Qu'en est-il de la mort de votre fils, n'est-ce pas une illusion ?".
Et Marpa répondit : "Certes, mais la mort de mon fils est une super-illusion." » Pratique de la voie tibétaine.
À l'heure où le naturalisme (thèse selon laquelle tout ce qui existe - objets et événements - ne comporte de cause, d'explication et de fin que naturelles) exerce une force philosophique et scientifique grandissante, l'oeuvre de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) suscite un regain d'intérêt en raison de son mot d'ordre : le retour aux choses mêmes. Merleau-Ponty pose comme originaire l'étude de la perception : le corps n'est pas seulement une chose, qui serait un objet potentiel d'étude pour les sciences ; il est une condition permanente de l'expérience, parce qu'il constitue l'ouverture perceptive au monde et à son investissement. Il y a une coappartenance de la conscience et du corps dont l'analyse de la perception doit rendre compte. Merleau-Ponty rompt avec l'ontologie dualiste de Descartes et l'opposition entre les catégories de corps et d'esprit qui est si prégnante dans certaines sciences aujourd'hui : «C'est dans l'épreuve que je fais d'un corps explorateur voué aux choses et au monde, d'un sensible qui m'investit jusqu'au plus individuel de moi-même et m'attire aussitôt de la qualité à l'espace, de l'espace à la chose et de la chose à l'horizon des choses, c'est-à-dire à un monde déjà là, que se noue ma relation avec l'être.»
«L'enfant était né vieil enfant et du coup, l'enfant n'était jamais devenu adulte. Il évoluait dans le monde des adultes comme un vieil enfant, et y arrivait mal. Le vieil enfant se disait que si sa mère disparaissait, il n'aurait plus nulle part où revenir.L'enfant à l'adolescence avait fait les quatre cents coups, puis à l'âge adulte n'importe quoi mais savait qu'il pouvait toujours revenir.L'enfant, c'est elle, c'est moi. Et maintenant je suis vieille, je vais avoir soixante ans. Et même plus. Et j'en suis toujours là. Je n'ai pas d'enfant. Un vieil enfant ne fait pas d'enfant. Qu'est-ce qui va me retenir à la vie après.»Dans cet autoportrait écrit à vif, dans la brûlure, l'intensité et l'âpreté du quotidien, Chantal Akerman nous confie la matière même de toute son oeuvre. Les mots sont autant d'images accolées entre elles, scotchées, coupées; c'est l'écriture comme un montage en cours, le cinéma n'est jamais loin. C'est le même langage que la vie. L'autrice dévoile avec pudeur et douleur la relation avec sa mère, avec sa compagne, avec sa propre folie, qui la guette. Ma mère rit est une magnifique plongée dans les joies, les blessures; dans le coeur de la réalisatrice.
En 1955, françois truffaut rencontre alfred hitchcock pour les cahiers du cinéma.
En 1962, jules et jim vient consacrer son talent de cinéaste et il prépare la peau douce (1964), de son aveu même le plus hitchcockien de ses films. aux etats-unis, hitchcock, avec frenzy (1962), est au faîte de sa créativité et de son succès. mais les critiques restent réticents. naît alors l'idée du " hitchbook " : un livre dont truffaut serait l'initiateur, le " provocateur " même, et qui révèlerait la vraie nature de l'homme, vulnérable, sensible, et aussi les secrets perdus que détiennent les grands cinéastes qui ont commencé à l'époque du muet.
Hitchcock accepte le principe de répondre à 500 questions portant exclusivement sur sa carrière. pendant cet entretien qui va durer 4 ans, truffaut va l'interroger à la façon dont oedipe allait consulter l'oracle. il tentera d'élucider à travers toute l'oeuvre de hitchcock les mécanismes de ce " langage d'émotion " qui est le ressort de son style inimitable et le classe dans la catégorie des " artistes inquiets comme kafka, dostoïevski ou poe ".
Le " hitchbook " paraît en 1967. après la disparition de hitchcock, le 2 mai 1980, françois truffaut complète la première édition par un chapitre sur ses derniers films et une courte préface en guise de long adieu : " l'homme était mort mais non le cinéaste, car ses films, réalisés avec un soin extraordinaire, une passion exclusive, une émotivité extrême masquée par une maîtrise technique rare, n'en finiraient pas de circuler, diffusés à travers le monde, rivalisant avec les productions nouvelles, défiant l'usure du temps, vérifiant l'image de jean cocteau parlant de proust : " son oeuvre continuait à vivre comme les montres au poignet des soldats morts ".
«Du grand ouvrage dont rêvait Merleau-Ponty ne restent que cent cinquante pages manuscrites. Quelle est leur fonction : introduire. Il s'agit de diriger le lecteur vers un domaine que ses habitudes de pensée ne lui rendent pas immédiatement accessible. Il s'agit, notamment, de le persuader que les concepts fondamentaux de la philosophie moderne - par exemple, les distinctions du sujet et de l'objet, de l'essence et du fait, de l'être et du néant, les notions de conscience, d'image, de chose - dont il est fait constamment usage impliquent déjà une interprétation singulière du monde et ne peuvent prétendre à une dignité spéciale quand notre propos est justement de nous remettre en face de notre expérience, pour chercher en elle la naissance du sens.» Claude Lefort.
Orpheline ruinée, Lay Bart cherche à faire un riche mariage, bien qu'elle aime un avocat, Lawrence Selden.
Trop honnête pour se vendre, mais d'allure trop libre pour garder sa réputation intacte, elle se voit fermer les portes de la haute société... Avec un art digne de son maître Henry James, Edith Wharton peint la haute société new-yorkaise, son éclat et sa richesse, mais aussi sa profonde corruption.
"La traque des étudiants se poursuivait boulevard Saint-Germain et rue Saint-Jacques. Des groupes de jeunes, garçons et filles mélangés, se battaient à mains nues contre les matraques des policiers, d'autres lançaient différents objets ramassés sur les trottoirs. Parfois, des fumées m'empêchaient de distinguer qui attaquait qui. Nous apprendrions plus tard qu'il s'agissait de gaz lacrymogènes.
Le téléphone sonna.
C'était Jean-Luc, très inquiet, qui craignait que je n'aie pas eu le temps de regagner notre appartement. 'Écoute Europe numéro 1, ça barde au Quartier latin !' Nous étions le 3 mai 1968." Anne Wiazemsky
«Et si la mort de Puig et du Négus, la mort du capitaine de Boïeldieu, la mort du petit lapin ont été inaudibles, c'est que la vie n'a jamais redonné aux films ce qu'elle leur avait volé. Et que l'oubli de l'extermination fait partie de l'extermination. Voilà presque cinquante ans que, dans le noir, le peuple des salles obscures brûle de l'imaginaire pour réchauffer du réel. Maintenant celui-ci se venge et veut de vraies larmes et du vrai sang. Mais de Vienne à Madrid, de Siodmak à Capra, de Paris à Los Angeles et Moscou, de Renoir à Malraux et Dovjenko, les grands réalisateurs de fiction ont été incapables de contrôler la vengeance qu'ils avaient vingt fois mise en scène. [...] Oui, mais l'histoire. Au fond, qu'est-ce que c'est ? Tout au fond. Malraux : nous sentions tous que l'enjeu appartenait à un domaine plus obscur que le domaine politique. Braudel : qu'on mesure la foule de ceux qui nient leur misère. Le nombre de ces coeurs qui veulent être eux-mêmes, vivre de leur vie malgré tout. Comme si notre vie était à nous. Hélas, à notre disposition. Et cet enfoiré de Cioran : rien de ce que nous savons ne reste sans expiation. Nous payons chèrement, tôt ou tard, n'importe quel courage de la pensée ou indiscrétion de l'esprit. Et le jeune Péguy : ah, l'histoire ! une sombre fidélité pour les choses tombées. Qu'arrive-t-il toujours, mon ami ? Le soir tombe. Les vacances finissent. Il me faut une journée pour faire l'histoire d'une seconde. Il me faut une année pour faire l'histoire d'une minute. [...] On peut tout faire, excepté l'histoire de ce que l'on fait.»
Dans la chaleur exaltante de l'été 1977, la jeune Calista quitte sa Grèce natale pour découvrir le monde. Sac au dos, elle traverse les États-Unis et se retrouve à Los Angeles, où elle fait une rencontre qui bouleversera sa vie : par le plus grand des hasards, la voici à la table du célèbre cinéaste hollywoodien Billy Wilder, dont elle ne connaît absolument rien. Quelques mois plus tard, sur une île grecque transformée en plateau de cinéma, elle retrouve le réalisateur et devient son interprète le temps d'un fol été, sur le tournage de son avant-dernier film, Fedora. Tandis que la jeune femme s'enivre de cette nouvelle aventure dans les coulisses du septième art, Billy Wilder vit ce tournage comme son chant du cygne. Conscient que sa gloire commence à se faner, rejeté par les studios américains et réalisant un film auquel peu de personnes croient vraiment, il entraîne Calista sur la piste de son passé, au coeur de ses souvenirs familiaux les plus sombres.Roman de formation touchant et portrait intime d'une des figures les plus emblématiques du cinéma, Billy Wilder et moi reconstitue avec une fascinante précision l'atmosphère d'une époque. Jonathan Coe raconte avec tendresse, humour et nostalgie les dernières années de carrière d'une icône, et nous offre une histoire irrésistible sur le temps qui passe, la célébrité, la famille et le poids du passé.
«Tout le monde veut être Cary Grant. Même moi, je veux être Cary Grant.»Des comédies romantiques de l'âge d'or du cinéma américain aux chefs-d'oeuvre d'Alfred Hitchcock, Cary Grant (1904-1986) demeure l'une des stars d'Hollywood les plus célèbres au monde.Gentleman flegmatique, séducteur caustique, il a réussi grâce à un physique exceptionnel à incarner «l'homme idéal», fantasme de millions de spectatrices et spectateurs. Derrière cette belle image de cinéma se cache pourtant un être tourmenté, dont toute l'existence est fondée sur le leurre.Originaire de Bristol, abandonné jeune par son père qui lui a fait croire que sa mère était morte, Archibald Leach décide de s'inventer un destin en Amérique, grâce au cinéma, plaçant sa vie sous le signe du double et de la duplicité:il change de nom, se lie sentimentalement avec des hommes et des femmes, se marie cinq fois de suite, connaît des moments de profonde dépression et fait l'expérience du LSD à des fins thérapeutiques.Martine Reid retrace l'histoire d'un individu dont l'identité s'est patiemment forgée grâce au cinéma, en parallèle du rêve américain. Derrière le divertissement, la consommation de masse et les images d'une virilité conquérante, elle dévoile les fragilités d'un homme inquiet.
«C'est contre le cinéma que le cinéma doit se faire. En particulier s'il veut, au sein du nouveau monde des images, incarner le plus précieux, le plus vital : la liberté de penser, d'inventer, de chercher, d'errer et de se tromper, en somme d'être l'antidote.»Olivier AssayasConstat fait de l'absence de pensée théorique du cinéma contemporain et de l'effacement de la cinéphilie, que nous reste-t-il pour penser ce que l'on persiste à appeler le septième art ? Penser, c'est-à-dire donner du sens aux pratiques des réalisateurs, dépasser la fragmentation et la dépersonnalisation de leur oeuvre dans l'industrie des flux numériques... et justifier aussi qu'on puisse encore résister à l'attraction des plateformes au nom d'un cinéma indépendant et libre, avec l'éthique et les fins qui lui sont propres.
Ce texte a été écrit pour le site belge Sabzian, proposant chaque année à un réalisateur d'établir un état des lieux du cinéma.
Naomi Seberg et Nathan Math oeuvrent avec succès dans le photojournalisme à sensation de l'ère des nouveaux médias. À la fois amants et concurrents professionnels, ils arpentent le globe séparément, ne se croisent que dans des hôtels d'aéroports ou n'ont de rapports que par Internet, et sont toujours en recherche d'histoires spectaculaires - si possibles sordides.
Celle de Célestine et Aristide Arosteguy, anciens professeurs de philosophie à la Sorbonne et couple libertin, a tout pour attirer Naomi. Célestine a en effet été retrouvée morte, mutilée, dans son appartement parisien. La police suspecte son mari, qui a disparu, de l'avoir assassinée et d'avoir mangé des parties de son corps. Avec l'aide d'Hervé Blomqvist, un étudiant singulier, elle se lance sur les traces d'Aristide, qui la mènent jusqu'à Tokyo.
De son côté, Nathan se trouve à Budapest pour photographier le travail d'un chirurgien controversé, Zoltán Molnár, qui a été recherché par Interpol pour trafic d'organes et pratique désormais des interventions illégales. En couchant avec l'une des patientes de Molnár, Nathan contracte l'étrange « maladie de Roiphe », que l'ont croyait disparue. Il s'envole alors pour Toronto, bien décidé à rencontrer le médecin qui a identifié ce mystérieux syndrome.
Ces histoires parallèles finissent par se croiser dans une intrigue hallucinée mêlant la technologie et le corps, l'impression 3D et la philosophie, le festival de Cannes et le cannibalisme, la mort et le sexe sous toutes ses formes (fétichisme, voyeurisme, échangisme.).
Cinéaste culte et mondialement reconnu (Videodrome, La Mouche, EXistenZ.), David Cronenberg poursuit dans ce premier roman son exploration de la noirceur psychologique et physique de l'être humain. Nous retrouvons dans Consumés les thèmes et l'esthétique de ses films, ses fascinations et ses obsessions.
Traduit de l'anglais (canadien) par Clélia Laventure
Si Abbas Kiarostami nous a offert des films sublimes - pour n'en citer qu'un, Le Goût de la cerise, Palme d'or à Cannes -, il ne fut pas seulement l'un des plus grands cinéastes de sa génération. Cet ouvrage est le premier qui aborde le parcours multiple et singulier de cet immense artiste - cinéma, photo, installation, vidéo, poésie... -, les contextes - historique et artistique, iranien et international - dans lesquels il s'inscrit, ses méthodes de travail et cette activité de pédagogue qu'il n'aura cessé d'exercer d'un bout à l'autre de la planète. Attentive à l'enfance et à la nature, sensible aux enjeux contemporains, l'oeuvre de Kiarostami est entièrement conçue pour le partage avec les spectateurs du monde entier - une oeuvre ouverte...
En janvier 1954, un jeune critique nommé François Truffaut publie dans les Cahiers du cinéma un violent pamphlet qui dénonce la «tradition de qualité française» et préfigure la Nouvelle Vague. Le retentissement est tel qu'il déchaîne contre lui la jalousie virulente de nombreux confrères, mais lui ouvre les portes de l'hebdomadaire Arts-Spectacles. Truffaut y publiera plus de cinq cents articles en cinq ans. Une critique directe et sans concession, inédite dans la presse d'alors:«Pour la première fois, au lieu de dire:C'est bon! C'est mauvais! j'ai commencé à essayer d'imaginer comment ça aurait pu être bon ou pourquoi c'était mauvais.» Truffaut y pilonne les institutions et les professions du cinéma (festivals, syndicats, production...), fomente des polémiques qui resteront célèbres (Delannoy, Autant-Lara...), dresse un portrait de ses acteurs et réalisateurs de prédilection (Marilyn Monroe, James Dean, Hitchcock, Lang, Hawks, Guitry, Ophuls, Renoir...) et défend les aspirations d'une nouvelle génération (Varda, Rivette, Vadim, Bresson...). Il cultive ses goûts, affiche ses dégoûts, et le temps lui donnera souvent raison... Pour Truffaut, écrire sur le cinéma n'est qu'un viatique. Dès août 1957, il s'éloigne de la critique en réalisant Les Mistons et ses derniers articles évoquent déjà le regard d'un cinéaste...
Ce livre foisonnant a pour objet Le Brady, une salle de « cinéma bis », installée au 39 boulevard de Strasbourg, dans le quartier populaire du 10e arrondissement de Paris. Ce lieu culte, ayant connu son heure de gloire dans les années 1970-80, fut pendant dix-sept ans (1994-2011) la propriété du réalisateur Jean-Pierre Mocky. Raconté par un de ses anciens projectionnistes, le récit prend des formes vagabondes grâce à sa composition à la fois subjective et subtilement thématique.
C'est tout d'abord une chronique professionnelle et personnelle des années Brady que l'auteur nous livre, en l'émaillant d'étonnantes scènes intra-muros auxquelles il a pris part. C'est également la « biographie » d'une salle obscure pauvre en moyens mais riche de mille existences et anecdotes, des tranches de vie de clients un peu spéciaux, habitués ou furtifs, hommes des bas-fonds et de la misère sexuelle. C'est encore une enquête sur l'art cinématographique du XXe siècle par ses marges, en l'occurrence les films d'un certain « mauvais genre » ainsi qu'une plongée dans les « sous-cultures » seventies. C'est en outre l'occasion d'évoquer J.-P. Mocky, ce farfelu grande-gueule, radin et boulimique, qui fit tourner bien des célébrités non sans cultiver sa réputation de mal-aimé du 7e art. C'est enfin et surtout une traversée ethnographique du l'animation bigarrée du 10e arrondissement au début des années 2000, avec ses prostituées chinoises puis bulgares, ses coiffeurs afro, son siège UMP en campagne électorale. Aujourd'hui salle d'Art et Essai, Le Brady a pris des allures respectables mais la mémoire de ces années turbulentes et brinquebalantes sont ici consignées avec un sens aigu du détail émotif.
Écrit par un autodidacte des lettres, féru de cinéma et de musique, Le Brady, cinéma des damnés est une somme rythmée, inventive et attachante qui satisfera la curiosité de tous ceux qui croient que l'aventure se trouve encore au coin de la rue.
Paris, novembre 1929:les «Années folles» s'achèvent. Dans sa chambre d'une maison de désintoxication, un jeune homme se tire une balle dans le coeur. C'est Jacques Rigaut; le plus beau, le plus radical des dadaïstes, Ce non-conformiste absolu avait prévenu:«Essayez, si vous le pouvez, d'arrêter un homme qui voyage avec son suicide à la boutonnière.» Tous ses amis écrivent, photographient, tournent des films:ils s'appellent René Clair, André Breton, Paul Éluard, Pierre Drieu la Rochelle, Man Ray ou Tristan Tzara. Lui, en dandy désinvolte, ne laisse que quelques fragments et des dettes. Après son mariage avec Gladys Barber, une riche héritière américaine, il vit quelque temps à New York. C'est en passant à travers un miroir, dans une villa de Long Island, qu'il fait la connaissance de son double littéraire:Lord Patchogue. De retour à Paris, brisé, Rigaut se perd dans les nuits du Boeuf sur le toit, la drogue, l'alcool et les femmes. Personne ne parvient à sauver le fondateur de l'«Agence générale du suicide». Des années plus tard, André Breton lui rend hommage dans son Anthologie de l'humour noir. Mais c 'est surtout Drieu la Rochelle et Louis Malle qui le font entrer dans la légende:Le Feu follet, c'est lui. Rigaut n'est pas mort; il hante toujours les avant-gardes et la contre-culture des deux côtés de l'Atlantique. À ce «suicidé magnifique» disparu à l'âge de 30 ans, dont Gallimard a publié les rares Écrits en 1970, Jean-Luc Bitton consacre pour la première fois une biographie monumentale. Fruit de quinze années de recherche, illustrée de nombreuses photographies et de documents inédits, cette somme se lit comme le grand roman des «Années folles» et de la «génération perdue».
Film après ?lm, cet ouvrage propose une plongée dans l'univers poétique et singulier de Wes Anderson. Avec dix longs-métrages à son actif, le scénariste et réalisateur américain a construit une oeuvre unique en son genre, pleine de ?nesse et d'humour. Le journaliste Ian Nathan retrace l'ensemble de sa carrière, de son premier court-métrage, Bottle Rocket (1993), à sa dernière fantaisie à venir, The French Dispatch. L'auteur revient sur les débuts du cinéaste, la conquête de son indépendance et son premier grand succès public et critique, avec The Grand Budapest Hotel (2014). Cet ouvrage richement illustré nous entraîne au plus près du tournage des ?lms et nous dévoile les inspirations du réalisateur, ainsi que sa rencontre avec ses acteurs fétiches (Owen Wilson, Jason Schwartzman, Bill Murray, Anjelica Huston...).
Le 1?? janvier 1977, Guy Debord signait un contrat avec la société Simar Films pour la réalisation d'un long métrage en 35 mm, en noir et blanc, d'une durée de 90 mn. Il y était stipulé, d'entrée : «Il est entendu que l'auteur accomplira son travail en toute liberté, sans contrôle de qui que ce soit, et sans tenir compte de quelque observation que ce soit sur aucun aspect du contenu ni de la forme cinématographique qu'il lui paraîtra convenable de donner à son film.» Le titre même du film ne fut révélé qu'une fois celui-ci réalisé. C'est ainsi que procédait Guy Debord, suivant toujours «un principe naturellement peu favorable à la spéculation fiancière», et ses producteurs ne s'en plaignirent point.Les media, eux, au nom d'un public autrement malmené, regimbèrent. Ordures et décombres déballés à la sortie du film «In girum imus nocte et consumimur igni», qui paraissait en 1982, sans le moindre commentaire (et que nous reprenons en l'augmentant de deux articles), a fait état des diverses réactions, peu variées, de la presse.Face au mur d'incompréhension plus ou moins feinte et aux interprétations erronées, Guy Debord jugea utile en 1990 de publier une édition critique du texte de son film. C'est ce texte que nous donnons ici à relire. Il est suivi d'une note inédite, datée du 22 décembre 1977, qui donne à voir les images, la poésie et le sens profond qui tissent la trame d'un film dont le thème tourne autour de «la vie réelle».
Le petit studio d'animation ouvre ses portes aux metteurs en scène débutants et leur apprend comment écrire une histoire et la filmer. Grâce aux décors et aux personnages fournis dans le coffret, il est possible de commencer rapidement à tourner son propre film d'animation en suivant bien les conseils du livre, véritable guide du réalisateur. Une fois le court scénario bouclé et le storyboard rempli, le tournage peut commencer. A l'aide d'un portable ou d'un appareil photo numérique, la prise de vue est réalisée image par image. Le montage qui suivra, très simple à faire à l'aide d'une application spéciale sur l'ordinateur, permettra d'animer tous les personnages. Une fois la technique maîtrisée et les conseils bien compris, que ce soit de la pâte à modeler, du carton découpé ou des jouets, tout pourra s'animer dans de petites films qui pourront être très drôles ou plus dramatiques, selon l'inspiration du réalisateur. Ce livre contient : - un zootroope - un décor à plat et un autre en volume - des personnages à découper - un livret donnant toutes les indications pratiques
Ce livre fut le premier qui tenta d'être à la fois une histoire, un commentaire et un répertoire de cette chose unique dans l'art du cinéma : le western, qu'André Bazin appelait «le cinéma américain par excellence». Le paradoxe est que le cinéma américain, la critique et l'histoire du cinéma ont, depuis, changé comme en proportion inverse d'un genre devenu presque historique, enfermé chaque jour un peu plus dans le musée imaginaire des enfances rêvées de l'Occident.
Ainsi ce livre a peu changé. Remis à jour pour l'essentiel, il reste une référence.
Édition publiée sous la direction de Raymond Bellour.
Avec plus de 40 longs métrages, Fred Wiseman est aujourd'hui une des icônes du cinéma documentaire américain. S'il récuse l'étiquette de documentariste, c'est que chacune de ses oeuvres, profondément ancrée dans le réel, devient par la magie de son écriture cinématographique, fiction et même poésie. Ses images sans commentaires ni interviews racontent des histoires de vie d'une profonde humanité. Cet homme-orchestre qui produit, tourne et monte lui-même ses films nous donne aussi une magistrale leçon de cinéma. En 1979, le Centre Pompidou l'accueille dans le cadre du festival Cinéma du Réel avec son remarquable Sinaï Field Mission. En 2010, à Cannes, la Quinzaine des Réalisateurs lui rend un vibrant hommage lors de la présentation de Boxing Jim, film qui met en scène la vie ordinaire d'un club de boxe dans l'Amérique profonde. Dans ces pages, Fred Wiseman raconte pour la première fois, avec l'humour qui le caractérise, ses années d'études désenchantées jusqu'à son passage fortuit au cinéma en 1967 avec le tournage de Titicut Follies à Bridgewater, un asile psychiatrique pénitentiaire près de Boston, Massachusetts. Depuis, ses films concernant les institutions se sont multipliés : plongées au coeur de la société contemporaine, vision de l'Amérique toute entière du Texas à l'Alabama et la Floride, et à travers près de vingt Etats.A partir de 1985, il s'est tourné également vers la France et ses institutions, la Comédie-Française, l'Opéra de Paris avec son film Le Ballet qui a rencontré une large audience. Dernièrement il a tourné Le Crazy Horse à propos duquel il a pu exercer son humour. Passionné de théâtre, il a mis en scène La Dernière lettre adaptée de Vie et destin de Vassili Grossmann, et Oh Les beaux jours de Samuel Becket, pour la Comédie-Française. L'ouvrage présente, outre le texte autobiographique de Frederick Wiseman, des contributions remarquables, comme celle du psychanalyste Pierre Legendre, du poète et essayiste Christopher Ricks et du cinéaste Errol Morris, ainsi qu'une riche iconographie en grande partie inédite.