Un homme a écrit un énorme scénario sur la vie de Herman Melville : The Great Melville, dont aucun producteur ne veut. Un jour, on lui procure le numéro de téléphone du grand cinéaste américain Michael Cimino, le réalisateur mythique de Voyage au bout de l'enfer et de La Porte du paradis. Une rencontre a lieu à New York : Cimino lit le manuscrit. S'en suit une série d'aventures rocambolesques entre le musée de la Chasse à Paris, l'île d'Ellis Island au large de New York, et un lac en Italie. On y croise Isabelle Huppert, la déesse Diane, un dalmatien nommé Sabbat, un voisin démoniaque et deux moustachus louches ; il y a aussi une jolie thésarde, une concierge retorse et un très agressif maître d'hôtel sosie d'Emmanuel Macron. Quelle vérité scintille entre cinéma et littérature ? La comédie de notre vie cache une histoire sacrée : ce roman part à sa recherche.
Sur une photographie ancienne, il est cet enfant sage et mélancolique, déjà penché sur son livre... «Tout au long de notre vie, écrit François Truffaut, nous devenons des personnes différentes et successives, et c'est ce qui rend tellement étranges les livres de souvenirs. Une personne ultime s'efforce d'unifier tous ces personnages antérieurs.» Depuis sa première lettre de jeune cinéphile à Jean Cocteau, en 1948, jusqu'à sa disparition prématurée en 1984, c'est son goût commun pour la litt érature et le cinéma qui traverse cette Correspondance inédite.Truffaut s'y réinvente une famille de coeur auprès de ses écrivains de prédilection (Genet, Cocteau, Audiberti, Louise de Vilmorin), sollicite des figures renommées de l'édition (Jean Cayrol, Marcel Duhamel, Robert Sabatier) et les auteurs qu'il veut adapter à l'écran (Maurice Pons, David Goodis, Ray Bradbury, Henri Pierre Roché, René-Jean Clot...).Ce sont les coulisses de la création, les passions des tournages que l'on découvre ici, mais aussi les remises en question et les zones d'ombre d'un homme pressé, auquel le temps va cruellement manquer... Et c'est à son ami Jean Mambrino, le père jésuite rencontré en 1954 dans le sillage d'André Bazin, que Truffaut adresse ce dernier petit mot, quelques mois à peine avant sa mort:«Bonne année 1984, mon cher Jean. Je remonte la pente, je lis vos poèmes, ils m'aident et vos signes d'amitié me touchent beaucoup, affectueusement vôtre, françois.»
Dans la chaleur exaltante de l'été 1977, la jeune Calista quitte sa Grèce natale pour découvrir le monde. Sac au dos, elle traverse les États-Unis et se retrouve à Los Angeles, où elle fait une rencontre qui bouleversera sa vie : par le plus grand des hasards, la voici à la table du célèbre cinéaste hollywoodien Billy Wilder, dont elle ne connaît absolument rien. Quelques mois plus tard, sur une île grecque transformée en plateau de cinéma, elle retrouve le réalisateur et devient son interprète le temps d'un fol été, sur le tournage de son avant-dernier film, Fedora. Tandis que la jeune femme s'enivre de cette nouvelle aventure dans les coulisses du septième art, Billy Wilder vit ce tournage comme son chant du cygne. Conscient que sa gloire commence à se faner, rejeté par les studios américains et réalisant un film auquel peu de personnes croient vraiment, il entraîne Calista sur la piste de son passé, au coeur de ses souvenirs familiaux les plus sombres.
Roman de formation touchant et portrait intime d'une des figures les plus emblématiques du cinéma, Billy Wilder et moi reconstitue avec une fascinante précision l'atmosphère d'une époque. Jonathan Coe raconte avec tendresse, humour et nostalgie les dernières années de carrière d'une icône, et nous offre une histoire irrésistible sur le temps qui passe, la célébrité, la famille et le poids du passé.
En 18 chapitres, largement illustrés de photographies, l'auteur mène l'enquête pour percer le(s) secret(s) de la plus mystérieuse des femmes photographe, dont l'oeuvre fut découverte par hasard lors de l'achat d'un lot de photographies anonymes au cours d'une vente aux enchères.
Après le succès du film Finding Vivian Maier, réalisé par John Maloof qui a découvert cette photographe, Ann Marks a ressenti le besoin irrépressible de répondre à toutes les questions qu'il posait.
Formée à la généalogie, elle s'est lancée sur les traces de son héroïne, patiemment, en décortiquant avis de décès, livret militaire, certificats médicaux et en obtenant l'accès à l'ensemble de ses archives. Ann Marks est aujourd'hui la seule personne à avoir analysé 140 000 images de la photographe, mais aussi ses enregistrements sonores et vidéo, ses lettres et journaux intimes. Elle a également interviewé 60 personnes qui connaissaient Vivian Maier et sa famille et en a découvert une trentaine d'autres.
Résultat : cette biographie se dévore comme un polar. On y découvre notamment comment, contrairement aux idées reçues, Vivan Maier a tenté de s'établir comme photographe professionnelle. Ann Marks répond à la question qui hante tous les fans de la photographe : « Qui était-elle vraiment et pourquoi n'a-t-elle pas partagé ses photographies ? »
Marguerite Duras ne fut pas uniquement l'écrivain que l'on sait mais aussi une cinéaste audacieuse dont les films appartiennent au corps tout entier de son oeuvre. Cet ouvrage rassemble pour la première fois les écrits de Marguerite Duras concernant ses propres films (dix-neuf, réalisés de 1966 à 1985), son activité de cinéaste, ainsi que les entretiens les plus significatifs qu'elle a pu donner à ce propos. Jamais un tel recueil n'avait été entrepris, même pour India Song, son film le plus célèbre. Depuis La Musica (1966) jusqu'aux Enfants (1985), en passant par Détruire dit-elle, Le Camion, Le Navire Night, le livre est organisé par films dont Duras signe la réalisation (excluant les adaptations de ses livres et les films qu'elle a scénarisés comme Hiroshima mon amour).
Pour chaque film, sont reproduits la plupart des textes qu'elle a rédigés dans le but de présenter et d'expliquer son travail au public, aux critiques, parfois aux acteurs eux-mêmes. Il lui arrive ainsi de raconter son film et son travail. On retrouve la parole vive et évocatrice de Duras, qui projette le lecteur dans son univers filmique radical et épuré, rejouant les liens dans son oeuvre entre littérature et cinéma. Duras parle de sa démarche, de ses principes d'écriture cinématographique, et surtout du paradoxe d'un cinéma qui cherche « à détruire le cinéma ». On assiste à sa tentative de dire le dépassement du cinéma, sa négation, comme celle du politique. Mais au-delà, ces textes parlent à chacun de l'existence, du monde, de l'écriture. Ici encore il s'agit de détruire, renverser, mais aussi d'aimer, d'oser. D'où l'intérêt de donner à lire ces écrits et entretiens comme des textes d'auteur à part entière.
De nombreux textes sont inédits, d'autres demeuraient très difficiles d'accès. Certains ont fait l'objet de publication dans des dossiers de presse, des journaux, et des revues spécialisées au moment de la sortie des films. Quelques-uns ont été réédités dans des ouvrages collectifs.
«L'enfant était né vieil enfant et du coup, l'enfant n'était jamais devenu adulte. Il évoluait dans le monde des adultes comme un vieil enfant, et y arrivait mal. Le vieil enfant se disait que si sa mère disparaissait, il n'aurait plus nulle part où revenir.L'enfant à l'adolescence avait fait les quatre cents coups, puis à l'âge adulte n'importe quoi mais savait qu'il pouvait toujours revenir.L'enfant, c'est elle, c'est moi. Et maintenant je suis vieille, je vais avoir soixante ans. Et même plus. Et j'en suis toujours là. Je n'ai pas d'enfant. Un vieil enfant ne fait pas d'enfant. Qu'est-ce qui va me retenir à la vie après.»Dans cet autoportrait écrit à vif, dans la brûlure, l'intensité et l'âpreté du quotidien, Chantal Akerman nous confie la matière même de toute son oeuvre. Les mots sont autant d'images accolées entre elles, scotchées, coupées; c'est l'écriture comme un montage en cours, le cinéma n'est jamais loin. C'est le même langage que la vie. L'autrice dévoile avec pudeur et douleur la relation avec sa mère, avec sa compagne, avec sa propre folie, qui la guette. Ma mère rit est une magnifique plongée dans les joies, les blessures; dans le coeur de la réalisatrice.
Celui qui se présente ici comme narrateur en est donc réduit à parler d'un film, d'un seul film, du même film qu'il a vu des dizaines et des dizaines de fois. Toute remarque, tout commentaire, il les a notés, consignés dans un cahier, jour après jour. Son existence est minée par le film. Ses goûts et ses jugements, il les doit au film. Ses amis comme ses ennemis, il les doit à l'opinion qu'ils se sont faite sur le film. À vrai dire, sa vie ne tient qu'à un film.
Évidemment, Cinéma est un roman, et l'on se doute qu'il ne s'agit pas de parler d'un film, de discourir sur un film. Il s'agirait plutôt d'une tentative renversée d'adaptation, au sens où ce mot est employé lorsqu'un cinéaste s'empare d'un livre, un livre qui le hanterait au point qu'il lui faille aussi en finir avec cette fascination, s'en débarrasser en tâchant d'en percer le mystère. En finir, en somme, à la manière du limier attaché aux basques de l'assassin, avec ce rapport d'admiration-répulsion que les meilleurs détectives de la littérature policière entretiennent toujours avec l'homme qu'ils chassent pour le rabattre vers le lecteur jusqu'à l'hallali final.
Bertrand Leclair, Les Inrockuptibles.
Au printemps 1938, lors des grèves chez Citroën, le photographe Willy Ronis réalise un reportage pour le magazine Regards dans l'usine Javel à Paris. Il prend en photo Rose Zehner, militante et ouvrière, alors qu'elle harangue une foule de camarades. Mais il ne confie pas cette photographie à la rédaction du journal et l'oublie.
Ce n'est qu'en 1980 que Willy Ronis, parcourant ses archives, retrouve ce cliché. L'année suivante, L'Humanité le publie ; l'image se met alors à circuler dans la presse et arrive sous les yeux de Rose Zehner. Celle-ci entre en relation avec le photographe, tandis que le grand public découvre une photographie qui, quarante ans après, va faire de Rose une figure de la lutte et du féminisme ouvriers.
Des grandes grèves de 1938 à la naissance d'une figure iconique en 1980, de Willy Ronis à Rose Zehner, Tangui Perron raconte l'histoire singulière de cette célèbre photographie longtemps oubliée.
Accompagnée dans cet ouvrage d'une vingtaine d'autres clichés de Willy Ronis, la photo de Rose Zehner est le point de départ d'une enquête pour comprendre l'origine et le destin d'une image. L'auteur reconstitue un contexte politique, social et culturel, et retrace les parcours d'une militante et d'un photographe engagé qui, chacun à leur manière, ont écrit un morceau de notre histoire.
L'oeuvre de François Truffaut est universellement connue. Ses vingt et un longs métrages sont considérés par un grand nombre de spectateurs comme des livres de chevet. Mais qui était cet homme, disparu en 1984 à l'âge de cinquante-deux ans, et qui voua sa vie au cinéma ? François Truffaut ne cessa d'entretenir le mystère et les malentendus, comme pour maintenir le secret. S'il est possible, de film en film, de retracer les contours de sa vie, à travers les personnages d'Antoine Doinel, l'adolescent des Quatre cents coups interprété par Jean-Pierre Léaud, puis le jeune homme de Baisers volés, le nouveau marié de Domicile conjugal, Ferrand, le metteur en scène de La Nuit américaine, Bertrand Morane, le séducteur de L'homme qui aimait les femmes, ou Julien Davenne, l'homme qui voue sa vie au culte des morts, l'ami inconsolé de La Chambre verte, la personnalité de François Truffaut est plus complexe et méritait une approche biographique.
Établie à partir des multiples témoignages de ses amis et de ses étonnantes archives personnelles, cette biographie nous révèle les multiples facettes de François Truffaut. Voici un récit attentif et minutieux, un éclairage inédit sur un cinéaste sensible et chaleureux.
«Ces mots sont plus que des notes de journal d'un réalisateur expérimenté. Ces mots sont des cicatrices, des marques de souffrance, des joyaux. Dans notre nuit (la nuit de la création qui doit nécessairement venir pour que s'allume l'écran), ils brillent comme des étoiles, nous montrant le simple et difficultueux chemin vers la perfection.» J.M.G. Le Clézio.
« Marpa fut très remué lorsque son fils fut tué, et l'un de ses disciples dit : "Vous nous disiez toujours que tout est illusion. Qu'en est-il de la mort de votre fils, n'est-ce pas une illusion ?".
Et Marpa répondit : "Certes, mais la mort de mon fils est une super-illusion." » Pratique de la voie tibétaine.
Rabalaïre, en occitan, désigne une personne seule qui n'est jamais chez elle, « un mec qui va à droite, à gauche, un homme qui aime bien aller chez les gens ». Ici, le rabalaïre, c'est Jacques, chômeur, passionné de vélo, solitaire mais d'une humanité à toute épreuve, et qui, entre Clermont-Ferrand, les monts d'Auvergne et l'Aveyron, va connaître, plus ou moins malgré lui, toute une série d'aventures rocambolesques, mystérieuses, voire criminelles. Il aime Robert qui vit avec ses vieux parents. Il va faire la rencontre de personnages étonnants : un vieux berger qui ne parle qu'occitan et distille la Brigoule, une gnôle aux pouvoirs surpuissants qui sera l'objet d'un trafic dans la région, un curé pas toujours orthodoxe, un peu chaman, qui initie Jacques aux voyages dans le pays des morts, Ysaline, une jeune prostituée dont Jacques tombe amoureux, un « Collectif d'action citoyenne », des terroristes islamistes et des attentats à Clermont-Ferrand sur fond de racisme et de suspicion généralisée, Rosine, propriétaire de bar à Gogueluz, veuve et débordante d'affection malgré la jalousie de son fils Eric, et de très nombreux amants. Ses divagations à vélo, sur le col de l'Homme mort, en forêt, ou sous les effets de la drogue, de l'excitation sexuelle, conduisent Jacques à des situations ambigües, parfois extrêmes. Grand roman picaresque, cru et sexuel, mais aussi roman d'amour, roman politique et social, roman de terroir et de la nature, roman populaire, roman policier (plusieurs crimes sont commis), et parfois fantastique. C'est l'histoire revisitée, drôle et cruelle, d'une France oubliée, celle d'aujourd'hui, de la paupérisation des campagnes et des provinces, l'histoire des gens de pays, de leurs corps, de leur langue, l'histoire des déclassés et marginaux, des étrangers, d'une nation à l'abandon, d'un peuple très divers aux moeurs débridées et décomplexées, et aux croyances multiples parfois mystiques. Le tout dans une langue populaire, orale, puissante et joyeuse.
Ce moment où, face à une oeuvre d'art, on ne comprend pas... et où l'on ne veut pas comprendre.Où faute d'expliquer, de décortiquer, on veut avant tout évoquer. Ressentir. Quand cette incompréhension devient une ouverture sur l'Ailleurs... sur la possibilité d'autre chose.CAMERA OBSCURA, la chambre noire. La surface où la lumière se fixe. La surface où elle sculpte nos ombres, les malmène, les transcende, leur donne une finalité.Au milieu des écrans de fumée, les grands cinéastes traquent ces moments suspendus. Le film devient un prisme, un vaisseau entièrement voué à effleurer ces rares instants qui sont... un peu plus. Où une forme de sorcellerie crépite à l'écran. Ces moments fugaces, affleurant à la surface, où le spectateur incrédule déchire un voile et goûte à quelque chose d'immortel. Quelque chose qu'il n'était peut-être pas censé voir.Le livre que vous tenez entre les mains n'est pas une analyse ou un récit historique, bien qu'il en possède certains aspects. C'est une errance fascinée et brumeuse dans la magie des images.
Du grand ouvrage dont rêvait merleau-ponty ne restent que cent cinquante pages manuscrites.
Quelle est leur fonction : introduire. il s'agit de diriger le lecteur vers un domaine que ses habitudes de pensée ne lui rendent pas immédiatement accessible. il s'agit, notamment, de le persuader que les concepts fondamentaux de la philosophie moderne - par exemple, les distinctions du sujet et de l'objet, de l'essence et du fait, de l'être et du néant, les notions de conscience, d'image, de chose - dont il est fait constamment usage impliquent déjà une interprétation singulière du monde et ne peuvent prétendre à une dignité spéciale quand notre propos est justement de nous remettre en face de notre expérience, pour chercher en elle la naissance du sens.
Pourquoi est-il devenu nécessaire de prendre un nouveau départ, pourquoi ne pouvons-nous plus penser dans le cadre des anciens systèmes, ni même bâtir sur le sol où nous les voyons, si différents soient-ils dans leur orientation, plonger leurs racines, voilà ce que l'auteur s'efforce de dire tout d'abord. considérations préliminaires, croirait-on donc. et pourtant, telle est la nature de l'oeuvre que l'initiation est ici décisive, la vérité du parcours anticipée dans la première démarche.
En 1955, françois truffaut rencontre alfred hitchcock pour les cahiers du cinéma.
En 1962, jules et jim vient consacrer son talent de cinéaste et il prépare la peau douce (1964), de son aveu même le plus hitchcockien de ses films. aux etats-unis, hitchcock, avec frenzy (1962), est au faîte de sa créativité et de son succès. mais les critiques restent réticents. naît alors l'idée du " hitchbook " : un livre dont truffaut serait l'initiateur, le " provocateur " même, et qui révèlerait la vraie nature de l'homme, vulnérable, sensible, et aussi les secrets perdus que détiennent les grands cinéastes qui ont commencé à l'époque du muet.
Hitchcock accepte le principe de répondre à 500 questions portant exclusivement sur sa carrière. pendant cet entretien qui va durer 4 ans, truffaut va l'interroger à la façon dont oedipe allait consulter l'oracle. il tentera d'élucider à travers toute l'oeuvre de hitchcock les mécanismes de ce " langage d'émotion " qui est le ressort de son style inimitable et le classe dans la catégorie des " artistes inquiets comme kafka, dostoïevski ou poe ".
Le " hitchbook " paraît en 1967. après la disparition de hitchcock, le 2 mai 1980, françois truffaut complète la première édition par un chapitre sur ses derniers films et une courte préface en guise de long adieu : " l'homme était mort mais non le cinéaste, car ses films, réalisés avec un soin extraordinaire, une passion exclusive, une émotivité extrême masquée par une maîtrise technique rare, n'en finiraient pas de circuler, diffusés à travers le monde, rivalisant avec les productions nouvelles, défiant l'usure du temps, vérifiant l'image de jean cocteau parlant de proust : " son oeuvre continuait à vivre comme les montres au poignet des soldats morts ".
" c'est dans l'épreuve que je fais d'un corps explorateur voué aux choses et au monde, d'un sensible qui m'investit jusqu'au plus individuel de moi-même et m'attire aussitôt de la qualité à l'espace, de l'espace à la chose et de la chose à l'horizon des choses, c'est-à-dire à un monde déjà là, que se noue ma relation avec l'être ".
Maurice merleau ponty.
Rapport sur ses travaux présenté au collège de france en 1951.
Cette étude n'est pas une histoire du cinéma, mais un essai de classification des images et des signes tels qu'ils apparaissent au cinéma. On considère ici un premier type d'image, l'image-mouvement, avec ses variétés principales, image-perception, image-affection, image-action, et les signes (non linguistiques) qui les caractérisent. Tantôt la lumière entre en lutte avec les ténèbres, tantôt elle développe son rapport avec le blanc. Les qualités et les puissances tantôt s'expriment sur des visages, tantôt s'exposent dans des " espaces quelconques ", tantôt révèlent des mondes originaires, tantôt s'actualisent dans des milieux supposés réels. Les grands auteurs de cinéma inventent et composent des images et des signes, chacun à sa manière. Ils ne sont pas seulement confrontables à des peintres, des architectes, des musiciens mais à des penseurs. Il ne suffit pas de se plaindre ou de se féliciter de l'invasion de la pensée par l'audio-visuel ; il faut montrer comment la pensée opère avec les signes optiques et sonores de l'image-mouvement, et aussi d'une image-temps plus profonde, pour produire parfois de grandes oeuvres.
Martin Guerre était un paysan français du XVIe siècle établi dans le village Pyrénéen d'Artigat. Âgé
de quatorze ans, il épouse Bertrande, fille d'une famille aisée. Accusé de vol de grain, il quitte
brusquement sa famille en 1548. La loi ne permet pas alors à sa femme de se remarier. Huit ans
après, un homme surgit à Artigat, clamant être Martin Guerre. Il lui ressemble et connaît beaucoup
de détails de la vie de Martin et ainsi convainc la plupart des villageois, son oncle Pierre Guerre et
Bertrande, qu'il est Martin Guerre. Le nouveau Martin vit trois ans avec Bertrande et son fils. Il
réclame l'héritage de son père et entame même des poursuites contre son oncle, pour une partie
de cet héritage. Pierre Guerre devient soupçonneux. Il essaye de convaincre Bertrande que ce
Martin est un imposteur. Il tente même de le tuer, mais Bertrande l'en empêche.
Pendant ce temps, Pierre Guerre enquête dans les environs et pense avoir trouvé la véritable
identité de l'imposteur : Arnaud du Tilh, un homme de réputation douteuse d'un village proche. Il
lance alors un procès qui s'ouvre à Rieux en 1560. Bertrande témoigne tout d'abord qu'elle pensait
honnêtement que cet homme était son mari, puis qu'elle réalisa qu'il était un imposteur. Martin la
défie : si elle est prête à jurer qu'il n'est pas son mari, il est d'accord pour être exécuté - Bertrande
reste silencieuse.
Martin fait immédiatement appel auprès du parlement de Toulouse. Bertrande et Pierre sont
arrêtés, elle pour possible adultère, Pierre pour accusations mensongères. Martin plaide sa cause
avec éloquence : sous la pression du cupide Pierre, Bertrande s'est parjurée. Soudain le vrai Martin
resurgit au cours du procès, avec sa jambe de bois. Questionné à propos de son passé, il répondra
avec plus de détails à certaines questions, que l'imposteur ne saurait faire. Ce dernier, reconnu
coupable et condamné à mort pour adultère et fraude le 12 septembre 1560, continue à clamer son
innocence, assisté par le jeune Montaigne. Plus tard, Arnaud du Tilh reconnaîtra les faits : il avait
appris la vie de Martin Guerre après que deux hommes l'aient confondu avec le vrai Martin. Il est
condamné à mort, pendu et brulé devant la maison de Martin quatre jours plus tard. Durant son
absence, le vrai Martin Guerre était parti en Espagne où il servit un cardinal, et plus tard dans
l'armée de Pedro de Mendoza. La raison de son retour, au moment même du procès, est restée
inconnue.
De nos jours, la plupart des commentateurs pensent que Bertrande a silencieusement pris part à la
fraude : elle avait besoin d'un mari et était bien traitée par Arnaud. L'improbabilité de confondre un
étranger avec son mari, le soutien qu'elle apporta à l'imposteur jusqu'au dernier moment, et les
détails de vie commune semblant avoir été préparés d'avance, sont cités comme présomptions de
cette thèse.
À travers les époques, cette histoire a fasciné beaucoup d'écrivains, comme Alexandre Dumas,
avant que l'historienne Natalie Zemon Davis se penche à son tour sur cet épisode.
Lorsque bergman jette, comme ici, un regard sur sa vie, c'est un homme profondément marqué par une éducation rigide et par une imagination débordante qui parle.
Mais c'est surtout un homme de spectacle : a la fois directeur de théâtre et réalisateur de films, il a vécu dans la fièvre, entre moments de grâce et échecs. il s'exprime dans complaisances dans ses jugements, qu'il s'agisse d'inconnus, de vedettes - telles que laurence olivier, greta garbo ou herbert von karajan, avec qui il a travaillé - ou de lui-même. mémoires, ou plutôt antimémoires, " confessions " modernes, ce livre témoigne de blessures et de crises, mais aussi de rêves et de bonheurs, et il foisonne de souvenirs d'un étrange rayonnement.
"La traque des étudiants se poursuivait boulevard Saint-Germain et rue Saint-Jacques. Des groupes de jeunes, garçons et filles mélangés, se battaient à mains nues contre les matraques des policiers, d'autres lançaient différents objets ramassés sur les trottoirs. Parfois, des fumées m'empêchaient de distinguer qui attaquait qui. Nous apprendrions plus tard qu'il s'agissait de gaz lacrymogènes.
Le téléphone sonna.
C'était Jean-Luc, très inquiet, qui craignait que je n'aie pas eu le temps de regagner notre appartement. 'Écoute Europe numéro 1, ça barde au Quartier latin !' Nous étions le 3 mai 1968." Anne Wiazemsky
Film après ?lm, cet ouvrage propose une plongée dans l'univers poétique et singulier de Wes Anderson. Avec dix longs-métrages à son actif, le scénariste et réalisateur américain a construit une oeuvre unique en son genre, pleine de ?nesse et d'humour. Le journaliste Ian Nathan retrace l'ensemble de sa carrière, de son premier court-métrage, Bottle Rocket (1993), à sa dernière fantaisie à venir, The French Dispatch. L'auteur revient sur les débuts du cinéaste, la conquête de son indépendance et son premier grand succès public et critique, avec The Grand Budapest Hotel (2014). Cet ouvrage richement illustré nous entraîne au plus près du tournage des ?lms et nous dévoile les inspirations du réalisateur, ainsi que sa rencontre avec ses acteurs fétiches (Owen Wilson, Jason Schwartzman, Bill Murray, Anjelica Huston...).
La vie d'un des plus grands peintres racontée par un des plus grands cinéastes.
Il est vrai que l'un était le père de l'autre, et que jean renoir est né au " château des brouillards ", sur la butte montartre, à deux pas du moulin de la galette immortalisé par un tableau de pierre-auguste. cette biographie fait revivre avec amour un homme, une oeuvre, un monde. c'est pourquoi elle a connu un succès mondial.
Écrivain « corsaire », poète de l'opposition et cinéaste « à scandale », Pier Paolo Pasolini a été un infatigable polémiste et l'auteur de prophéties éclatantes sur des phénomènes toujours d'actualité (dérive capitaliste, homologation culturelle, consumérisme du superflu, développement sans progrès). Un siècle après sa naissance et 47 ans après sa mort, Pasolini nous est toujours contemporain et constitue un « cas » politico-culturel auquel on se réfère constamment. Héros de la nouveauté mais attentif aux valeurs du passé, révolutionnaire enclin à la contradiction, dévoué au classicisme mais prêt à expérimenter de nouveaux langages, se montrant la plupart du temps déconcertant et ne connaissant pas la tempérance, il a abordé dans son oeuvre infinie et protéiforme (roman, poésie, cinéma, théâtre, essai politique) des thèmes généraux et éternels tels que le destin de l'homme, le mythe de la Nature et de l'Histoire, le sens sacré de la vie et de la mort, en en faisant des sujets de confrontation, de défi et souvent de provocation.
C'est la force et l'inépuisable vitalité de sa voix qui sont le thème de Tout sur Pasolini, un ouvrage qui, avec la contribution de 50 essayistes, universitaires et critiques militants italiens et français, présente les oeuvres intégrales de l'auteur, en soulignant leur profondeur et leur extraordinaire actualité. Comme l'écrit Hervé Joubert- Laurencin dans son essai : « Pasolini n'a cessé de mourir dans notre dernier demi-siècle, et pourtant il est né et n'a jamais cessé de vivre depuis un siècle, d'abord de son vivant, puis dans sa postérité ».
Tout sur Pasolini, sous la forme encyclopédique d'un dictionnaire-laboratoire divisé en rubriques alphabétiques pour une consultation aisée et fonctionnelle, réunit l'ensemble de l'oeuvre de Pasolini et une vaste représentation actualisée de la pensée critique du poète-réalisateur. Du « A » d'Accattone au « C » de Censure, du « R » de Religion au « S » de Sartre, nous passons dans ce volume de la fiction à la poésie, du cinéma au théâtre, des célèbres invectives de Pasolini publiées dans le Corriere della Sera à sa fructueuse fréquentation d'autres disciplines (sémiologie, structuralisme, anthropologie) et des arts tels que la peinture, la musique et la danse. Conçu non seulement pour un public de spécialistes, mais aussi en espérant une nouvelle génération de lecteurs, Tout sur Pasolini offre une large sélection de textes qui, tout en préservant l'exhaustivité et la qualité, optent pour un ton lisible et délibérément non académique.
Comment l'image-temps surgit-elle ? sans doute avec la mutation du cinéma, après la guerre, quand les situations sensori-motrices font place à des situations optiques et sonores pures (néo-réalisme).
Mais la mutation était préparée depuis longtemps, sous des modes très divers (ozu, mais aussi mankiewic, ou même la comédie musicale). l'image-temps ne supprime pas l'image-mouvement, elle renverse le rapport de subordination au lieu que le temps soit le nombre ou la mesure du mouvement, c'est-à-dire une représentation indirecte, le mouvement n'est plus que la conséquence d'une présentation directe du temps : par là même, un faux mouvement, un faux raccord.
Le faux raccord est un exemple de " coupure irrationnelle ". et, tandis que le cinéma du mouvement opère des enchaînements d'images par coupures rationnelles, le cinéma du temps procède à des ré-enchaînements sur coupure irrationnelle (notamment entre l'image sonore et l'image visuelle).
C'est une erreur de dire que l'image cinématographique est forcément au présent. l'image-temps directe n'est pas au présent, pas plus qu'elle n'est souvenir.
Elle rompt avec la succession empirique et avec la mémoire psychologique, pour s'élever à un ordre ou une série du temps (welles, resnais, godard...). ces signes de temps sont inséparables de signes de pensée et de signes de parole. mais comment la pensée se présente-t-elle au cinéma et quels sont les actes de parole spécifiquement cinématographiques ?