Dans son film Signer, Nurith Aviv s'aventure dans un champ peu connu, celui des langues des signes. Ces langues sont diverses, chacune a sa grammaire, sa syntaxe, complexe et riche. Trois générations de protagonistes, sourds et entendants, mais aussi les chercheuses du Laboratoire de Recherche de Langue des Signes de l'université de Haïfa, s'expriment sur des langues qui ont émergé en Israël au siècle dernier, rejoignant les questions chères à Nurith Aviv de la langue maternelle, la traduction, la transmission. Une invitation à élargir notre perception des langues humaines.
Avec Le Salaire de la peur, Les Diaboliques, Quai des orfèvres, Henri-Georges Clouzot a été un maître du suspense et a su faire des névroses humaines un spectacle palpitant. S'il a influencé des cinéastes contemporains majeurs (Friedkin, Spielberg), Clouzot reste sous-considéré en France. Or il est bien un auteur, avec une vision du monde singulière, l'un des rares à avoir réussi la fusion entre une culture française d'étude des personnages et une culture anglo-saxonne du grand spectacle. En se penchant sur sa vie romanesque et son oeuvre, on découvre un homme insaisissable, touche-à-tout, inventif. Faire le protrait d'Henri-Georges Clouzot, c'est faire le portrait d'un visionnaire, d'un agitateur, d'un artiste contre le système.
De New York à Shanghai, du mur israélo-palestinien à la frontière américano-mexicaine, il a collé ou installé ses photos géantes dans des dizaines de pays et associé à ses projets des centaines de milliers d'inconnus. Avec l'active collaboration de l'artiste, le documentaire "#JR" retrace l'aventure extraordinaire de cet activiste de l'art, dont les interventions spectaculaires sont autant de manifestes humanistes, pacifistes ou mémoriels, relayés par sa très forte implication sur les réseaux sociaux.
Robert Bober se plonge dans la mémoire de son arrière grand-père qui a vécu dans une Vienne moderne et cosmopolite, dont la réputation fut façonnée par les écrivains Stefan Zweig, Joseph Roth et Arthur Schnitzler. Au-delà de cette recherche d'identité et de ce double portrait mêlant l'histoire de son aïeul et celle de la brillante intelligentsia juive du début du XXe siècle, Robert Bober, aujourd'hui âgé de 82 ans, évoque l'effondrement de l'Empire des Habsbourg, la naissance et la montée en puissance du national-socialisme jusqu'à l'Anschluss qui mit fin à la Vienne capitale culturelle de l'Europe.
Sept jeunes d'aujourd'hui racontent leur passion pour la poésie yiddish écrite par des auteurs qui avaient à peu près leur âge dans l'entre-deux guerres. C'était un moment d'un formidable élan créatif de la culture yiddish. La poésie de ces années était universelle et intimiste à la fois, en relation avec tous les courants littéraires et artistiques de l'époque. Ils étaient polyglottes et se déplaçaient d'un pays à l'autre. Le "Yiddishland" n'était pas un pays, mais une langue. Les protagonistes du film, certains Juifs, d'autres non, se déplacent eux aussi entre les pays et les langues. Chacun parle de sa relation personnelle au yiddish et à un poète qu'il aime particulièrement. Pour ces jeunes, cette poésie yiddish n'appartient pas uniquement à un passé juif, mais elle permet de se situer face au présent.
Plus de 2 heures en compagnie du chef de file de la Nouvelle Vague. Dans "Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard", le réalisateur développe sa réflexion sur l'Histoire, l'engagement politique, le cinéma, l'image et le temps, et l'expérimentation comme quête artistique, lors d'échanges avec des penseurs du cinéma et des réalisateurs, chez lui à Rolle, en Suisse, dans son atelier de travail, face à des étudiants, ou encore en préparant une exposition au Centre Pompidou intitulée "Voyage(s) en utopie".
Serge Daney a été collaborateur des "Cahiers du cinéma", avant d'en devenir rédacteur en chef dans les années 70, puis responsable des pages cinéma et éditorialiste de "Libération". Il fut aussi l'un des fondateurs de la revue de cinéma "Trafic". En 1992, dans ces entretiens avec Régis Debray pour l'émission "Océaniques", celui qui, en référence à Henri Langlois (parce qu'il est un "enfant de la Cinémathèque"), se définit comme un "ciné-fils", fait défiler sa vie et les films qui l'ont vu grandir. En racontant le cinéma américain (Hawks, Hitchcock...), la "qualité française", la nouvelle vague, Mai 68 et la politisation de la cinéphilie, ou encore l'irruption de la télévision et l'ère des médias de masse, Serge Daney nous lègue une morale et une mémoire de l'image.
A la fois poète, dramaturge et cinéaste, Armand Gatti est un artiste à part entière. Pour rendre ses idées accessibles au public, il expérimente tous les supports dont il dispose. Depuis son prix Albert Londres (1954) à sa nomination Commandeur des Arts et Lettres (2004), il a marqué l'art expérimental pendant plus d'un demi-siècle. Imaginez un film conçu pour être celui des ouvriers immigrés. Pas un film sur, ni seulement pour, un film bien sûr avec, mais plus profondément selon eux. Ce film découpé en 8 épisodes s'intitule Le Lion, sa cage et ses ailes, il date de 1976.
Au Cambodge, sous les khmers rouges, S21 était le principal "bureau de la sécurité". Dans le centre de détention et d'élimination situé au coeur de Phnom Penh, près de 17.000 prisonniers ont été torturés, interrogés puis exécutés entre 1975 et 1979. Trois d'entre eux seulement sont encore en vie... Pendant près de trois ans, Rithy Panh et son équipe ont entrepris une longue en quête auprès des rares rescapés, mais aussi auprès de leurs anciens bourreaux. A ce jour aucun responsable khmer rouge n'a été jugé.
Témoignant de la fureur du monde, Yann Le Masson reste paradoxalement un très grand cinéaste de l'intime, filmant la perte, la maladie d'un proche ou l'émotion de la naissance avec une dignité bouleversante. Ce coffret de 2 DVD nous présente les films suivants, pour la plupart interdits longtemps de diffusion en France : J'ai huit ans, Sucre amer, Kashima Paradise, Regarde, elle a les yeux grands ouverts et Helingonka.
Coffret comprenant : S21, la machine de mort Khmère rouge, ainsi que Dutch, le maître des forges de l'enfer, et analysant l'abomination du régime des Khmères rouges.
Pour la première fois, avec la rigueur de l'enquête judiciaire et en se basant sur les faits vérifiés et des témoignages exclusifs plusieurs fois recoupés de responsables du GIA, d'officiers supérieurs de l'armée algérienne, de membres des gouvernements français et algériens, de membres des services de renseignement des deux côtés de la méditérranée, ce documentaire dévoile les dessous d'un drame qui continue de hanter la conscience universelle.
Loin des documentaires classiques, ses films sont empreints d'une sensibilité contemplative tout en restant dans la mouvance du "cinéma vérité" : dans une atmosphère intime, sa caméra semble nous dévoiler l'âme de ses protagonistes. Une édition complète des films de Jean Gaumy avec "La Boucane" (1984), "Jean-Jacques" (1987) et "Marcel : prêtre" (1995).
Le film "En suivant la piste Fromanger" est aussi un voyage dans l'art moderne et contemporain. Fromanger fait le guide entre les deux grandes familles du XXe siècle : la famille Picasso (1881-1973) et la famille Duchamp (1884-1968). La première déconstruit le regard tandis que la seconde a voulu rompre avec l'art visuel et a donné naissance à l'art conceptuel, au pop art, au land art... Ces deux familles s'opposent radicalement. Fromanger se revendique des deux : à la fois figuratif et conceptuel, son oeuvre multiplie les chemins de traverses entre ces pôles. Tourné au milieu des foules parisiennes et siennoises, le film fait dialoguer le peintre avec plusieurs personnalités du monde de l'art.
Au cours de cette rencontre exceptionnelle, Marguerite Duras parle de l'écriture, de ses oeuvres précédentes, de politique, de sa mère et ses frères, de l'alcoolisme et bien entendu de son dernier livre L'Amant, dont "l'histoire appelait de façon urgente d'être écrite". Un entretien mené par Bernard Pivot le 28 septembre 1984 avant même que Marguerite Duras ne se voit honorée du prix Goncourt.
Le destin du réalisateur Jean Rouch se confond avec son oeuvre foisonnante : entre ethnologie savante, surréalisme, innovations filmiques et récits d'aventures en Afrique. Cent ans après sa naissance, ce film relate le parcours d'un homme qui réinventa plusieurs fois sa vie, en racontant celles des Africains. À Niamey, autour du fleuve Niger, ses héritiers et ses amis interrogent son héritage et la persistance d'un "mystère Rouch". Un coffret inédit 4 DVD qui rassemble plus de 11 heures de programmes autour de Jean Rouch.
Contient :
- Auschwitz - L'album de la mémoire
Souvenons-nous de tous ceux qui sont disparus. Rendons hommage à ceux qui sont revenus. Le devoir demémoire est plus que jamais nécessaire... A l'occasion du 60ème anniversaire de la libération des camps de concentration, deux documents poignants recueillent les témoignages des survivants.
- La dernière femme du premier train (2014)
Durant une quinzaine d'année, Daniel Friedmann a filmé Hilda Hrabovecka, dernière survivante du premier convoi de femmes juives tchécoslovaques arrivé à Auschwitz le jour de l'ouverture du camp des femmes, le 26 mars 1942. Elle y restera jusqu'à la destruction d'Auschwitz par les nazis en janvier 1945 et participera à l'une des marches de la mort jusqu'au camp de Ravensbrück dont elle fut libérée en mai 1945. A travers son récit riche d'anecdotes, Hilda nous dévoile les relations entre les déportés ainsi qu'avec les SS et les conditions de vie au camp. A partir d'images d'archives, Daniel Friedman met également en lumière la politique antisémite de l'état slovaque qui subventionna la déportation des juifs tchécoslovaques vers l'Allemagne. Aujourd'hui âgée de 90 ans, Hilda vit à Bratislava.
- Festins imaginaires (2015)
Du camp de Ravensbrück en Allemagne au Goulag de Potma en Russie en passant par le camp de Kawasaki au Japon, ces recettes ont été écrites par des déportés de toutes origines au péril de leurs vies. À travers l'écriture, ces prisonniers ont permis à leurs différentes cultures de dialoguer et de continuer d'exister.
- Ce qu'ils savaient : Les alliés face à la Shoah (2012)
Au printemps 1945, le monde entier découvre avec horreur les abominables images des camps d'extermination. Il est pourtant désormais incontestable que les responsables alliés savaient très tôt ce qui se tramait dans les camps d'extermination. Comment expliquer cette passivité qui désespéra tout un peuple ?
- Tzedek : les justes (1994)
Les Justes, ce sont ces simples citoyens qui, souvent au risque de leur vie, ont sauvé avec courage et abnégation près de 500 000 juifs en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Cinquante ans après, Marek Halter est parti à leur recherche. De Varsovie à Lyon, de Sarajevo à Annecy, jusqu'à Istanbul et Tokyo. Il nous guide dans ses rencontres, et nous fait découvrir pour la première fois les visages et les témoignages de ces héros de l'ombre.
Avec DVD 1 : Le Fiancé, la comédienne et le maquereau (Der Bräutigam, die Komödiantin und der Zuhälter). D'après Le Mal de la jeunesse (1928) de Ferdinand Bruckner et trois poésies de Juan de la Cruz. Les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou Peut-être qu'un jour Rome se permettra de choisir à son tour d'après Othon de Pierre Corneille. Corneille-Brecht ou Rome l'unique objet de mon ressentiment. Extraits de Horace (1640) et Othon (1664) de Pierre Corneille et de la pièce radiophonique Le Procès de Lukullus (1940) de Bertolt Brecht. DVD 2 : Ouvriers, paysans (Operai, contadini). Personnages, constellations et texte du roman Les Femmes de Messine d'Elio Vittorini. DVD 3 : Itinéraire de Jean Bricard. D'après Itinéraire de Jean Bricard par Jean-Yves Petiteau. O somma luce. Extrait du dernier chant du Paradis de La Divine Comédie de Dante. Europa 2005 27 octobre (Cinétract).Joachim Gatti."
Au début c'est une photo, une photo dans une revue de cinéma. Une jeune femme brune, révoltée, qui crie. Nous sommes en juin 68, c'est la reprise du travail aux usines Wonder, après la grève de mai. Deux étudiants de l'IDHEC filment la scène. Ce fameux film de 10 minutes a tout de suite été considéré comme LE film des évènements et comme l'une des réalisations majeures du cinéma direct. Plus de trente ans après, hanté par le visage et la voix de cette femme, Hervé Le Roux est parti à sa recherche. "Reprise" est le récit de cette quête, jalonnée de rencontres avec ceux qui furent les témoins de l'époque.
Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, un couple uni, inventeur d'un nouveau courant cinématographique. De leur premier à leur dernier film. Ces rencontres avec eux, Danièle Huillet et Jean-Marie Straub n'ont eu de cesse de creuser, d'extraire pour rendre visible et faire entendre. Tournés en Allemagne, en France ou en Italie, ces films, fruits d'un travail généreux et attentif, sont toujours dédiés aux sujets qui les occupent : ici Franco Fortini, Cesare Pavese et Elio Vittorini. Chacun d'eux est une rencontre avec une oeuvre ou l'auteur autant choisi les cinéastes que ces derniers l'ont choisi. Voilà un cinéma respectueux, précis, tendu et nerveux, massif et subtil, un cinéma travaillé par l'essentiel et les vibrations du présent.
Ni fiction, ni documentaire, D'ailleurs, Derrida met en scène la parole du philosophe Jacques Derrida dans quatre pays où il a vécu et enseigné, et avait ses racines : l'Algérie, l'Espagne, la France et les Etats-Unis. Derrida se donne avec une générosité rare comme "matériau pour l'écriture de ce film", selon son expression. Nous devenons les compagnons d'un penseur qui reçoit, nous invite à écouter sa pensée et, en toute intimité et simplicité, parle de l'écriture, du pardon, de l'hospitalité, de la responsabilité, de la femme, de la communauté... Et aussi de sa mère et de son pays natal, l'Algérie...
Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, un couple uni, inventeur d'un nouveau courant cinématographique. Ce nouveau coffret de 3 DVD comporte les films allemands les plus connus du couple de cinéastes, avec "Chronique d'Anne Magdalena Bach", film aujourd'hui sans égal dans l'histoire du cinéma, "Leçons d'histoires" et "Antigone".
Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, un couple uni, inventeur d'un nouveau courant cinématographique. Contrairement aux 3 précédents, ce quatrième et avant-dernier coffret n'est pas placé sous le signe d'une période particulière. Ce volet peut être considéré comme une "palette", une vision globale de l'oeuvre du couple. Il est composé de 6 films, dont 3 longs-métrages particulièrement importants dans la filmographie de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub.
Paris 1960. Alors que la guerre fait rage en Algérie et que le Congo lutte pour son indépendance, Edgar Marin, sociologue, et Jean Rouch vont enquêter sur la vie quotidienne de jeunes parisiens pour tenter de comprendre leur conception du bonheur...