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Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d'origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d'une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie...Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s'interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance.Un grand livre de sociologie et de théorie critique.
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Le gaslighting ou l'art de faire taire les femmes
Hélène Frappat
- L'Observatoire
- La Releve
- 11 Octobre 2023
- 9791032927427
« Tu es sûre que tu vas bien ? Tu as l'air fatigué en ce moment. Et puis tu oublies beaucoup de choses... » Gaslight, film fondateur réalisé par George Cukor en 1944, raconte le calvaire de Paula. Son mari la persuade qu'elle est folle en baissant progressivement la lumière des lampes à gaz pour installer l'obscurité dans la maison et les esprits...
Le gaslighting désigne originellement une relation conjugale reposant sur la manipulation d'une femme par son époux. Il est devenu un mot-clé de la psychologie américaine, puis un outil critique du féminisme, avant récemment de définir un type de langage politique mensonger et la violence qui en découle.
Le repérer, c'est d'abord pointer les abus subis par les victimes, le plus souvent des femmes, ainsi que le processus mis en oeuvre pour brouiller ce statut même de victime - le gaslighteur est maître dans l'art d'inverser les rôles. C'est ensuite élucider comment les fondements de la réalité, voire de la vérité, sont progressivement sapés. Car cette notion, qui permet de retracer comment les femmes ont été réduites au silence, est devenue une arme politique dangereuse.
Hélène Frappat livre la première définition philosophique d'un mot au coeur de tous les débats de notre époque. -
Le regard féminin ; une révolution à l'écran
Iris Brey
- Points
- Points Feministe
- 8 Avril 2021
- 9782757887998
On se souvient de la légendaire robe soulevée par le vent de Marilyn Monroe dans Sept ans de réflexion ou encore du bikini de Halle Berry, la célèbre James Bond girl, dans Meurs un autre jour. Devenues cultes, ces scènes ont marqué l'histoire du cinéma. De quoi ces images sont-elles le nom ? Depuis toujours, les femmes sont filmées comme des objets de plaisir, les privant de pouvoir au profit du regard masculin et de ses désirs. Pour faire face à ce male gaze majoritaire, Iris Brey montre comment s'est élaboré un regard féminin au cinéma et interroge le sens caché des images. Un essai crucial déjà considéré comme un classique.
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En 1818, Jacotot sème un vent de révolution dans l'Europe savante. Non content d'avoir appris le français à des étudiants flamands sans leur donner aucune leçon, il se met à enseigner ce qu'il ignore, proclamant l'émancipation intellectuelle. Jacques Rancière lui rend ici un brillant hommage et ravive une philosophie trop vite oubliée d'une égalité universelle de l'intelligence.
L'instruction est comme la liberté: cela ne se donne pas, cela se prend. Joseph Jacotot -
L'oeil et l'esprit
Maurice Merleau-Ponty
- Folio
- Folioplus Philosophie
- 21 Septembre 2006
- 9782070339136
«L'Oeil et l'Esprit est le dernier écrit que Merleau-Ponty put achever de son vivant. Installé, pour deux ou trois mois, dans la campagne provençale, non loin d'Aix, au Tholonet, goûtant le plaisir de ce lieu qu'on sentait fait pour être habité, mais surtout, jouissant chaque jour du paysage qui porte à jamais l'empreinte de l'oeil de Cézanne, Merleau-Ponty réinterroge la vision, en même temps que la peinture. Il cherche, une fois de plus, les mots du commencement, des mots, par exemple, capables de nommer ce qui fait le miracle du corps humain, son inexplicable animation, sitôt noué son dialogue muet avec les autres, le monde et lui-même - et aussi la fragilité de ce miracle.» Claude Lefort.
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Depuis les années 2000, les sexualités féminines sont sorties du silence grâce aux séries télévisées : après Sex and The City, les productions les plus récentes ambitionnent de raconter la singularité de l'expérience des femmes.
En quatre chapitres, Sex and The Series explore les métaphores et les schémas inédits que proposent ces séries récentes, et la révolution télévisuelle que nous vivons : comment le « regard masculin » est-il transformé ou contredit ? Quelles nouvelles narrations nous sont proposées ?
Érudit, malicieux, cet essai détonant est également un éloge de notre plaisir de téléspectateur.
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Leni Riefenstahl : La cinéaste d'Hitler
Jérôme Bimbenet
- Tallandier
- Biographies
- 24 Septembre 2015
- 9791021003811
Danseuse, actrice fétiche des films de montagne, cinéaste révolutionnaire, photographe remarquable, plongeuse hors pair, Leni Riefenstahl (1902-2003) est, aux yeux du monde, la cinéaste qui s'est fourvoyée en se mettant au service du nazisme. En 1932, sa rencontre avec Adolf Hitler change son destin. C'est un coup de foudre réciproque. Dès son accession au pouvoir, elle accepte la direction artistique du film du Congrès du Parti nazi à Nuremberg en 1934, Le Triomphe de la volonté, l'archétype du film de propagande. Puis elle réalise en 1936 le film officiel des Jeux olympiques, Les Dieux du stade, qui devient un succès mondial. Après la guerre, échappant à la dénazification, Leni Riefenstahl est souvent détestée. Néanmoins, son héritage est immense et les plus grands cinéastes, de Steven Spielberg à George Lucas, reconnaissent aujourd'hui son influence. Seuls l'art et l'esthétique ont compté pour elle, et c'est bien ce reproche qui encombre sa mémoire et obscurcit sa postérité. Sans l'aduler ni la condamner, Jérôme Bimbenet perce le mystère de la « douce amie du Führer » qui n'a jamais connu la moindre once de remords, de compassion, de culpabilité ou de conscience politique. Jusqu'à la fin, quand on l'interrogera sur sa responsabilité, elle ne cessera de répondre : « Où est ma faute ? »
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Il n'est pas facile de parler de Shoah. Il y a de la magie dans ce film, et la magie ne peut pas s'expliquer. Nous avons lu, après la guere, des quantités de témoignages sur les ghettos, sur les camps d'extermination; nous étions bouleversés. Mais, en voyant aujourd'hui l'extraordinaire film de Claude Lanzmann, nous nous apercevons que nous n'avons rien su. Malgré toutes nos connaissances, l'affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, notre coeur, notre chair. Elle devient la nôtre. Ni fiction, ni documentaire Shoah réussit cette re-création du passé avec une étonnante économie de moyens: des lieux, des voix, des visages. Le grand art de Claude Lanzmann est de faire parler les lieux, de les ressusciter à travers les voix, et, par-delà les mots, d'exprimer l'indicible par des visages.
C'est une composition musicale qu'évoque la subtile construction de Shoah avec ses moments où culmine l'horreur, ses paisibles paysages, ses lamentos, ses plages neutres. Et l'ensemble est rythmé par le fracas presque insoutenable des trains qui roulent vers les camps.
La construction de Claude Lanzmann n'obéit pas à un ordre chronologique, je dirais _ si on peut employer ce mot à propos d'un tel sujet _ que c'est une construction poétique.
Jamais je n'aurais imaginé une pareille alliance de l'horreur et de la beauté. Certes, l'une ne sert pas à masquer l'autre, il ne s'agit pas d'esthétisme : au contraire, elle la met en lumière avec tant d'invention et de rigueur que nous avons conscience de contempler une grande oeuvre. Un pur chef-d'oeuvre.
SIMONE DE BEAUVOIR -
Le secret de la société : pour en finir avec l'impuissance politique
Pacôme Thiellement
- Puf
- Perspectives Critiques
- 6 Mars 2024
- 9782130842385
« Et pourtant, tout pourrait changer. » Telle est l'idée centrale qui préside au nouveau livre de Pacôme Thiellement, un livre qui approfondit du côté de la politique les leçons de ses livres précédents. Tout pourrait changer, mais tout est mis en oeuvre pour que rien ne change. Tout pourrait changer, mais personne ne le veut vraiment. Vraiment ? Non. En allant creuser du côté du « secret de la société », Pacôme Thiellement met à jour une tradition cachée, qui relie ensemble celles et ceux qui n'ont pas renoncé au changement - ni à considérer l'humanité comme quelque chose de pas tout à fait foutu. Cette tradition, qui passe de Honoré de Balzac à Jacques Rivette, du Chat de Chester à la Baghavad-Gita, de Jeanne d'Arc au Langage des oiseaux ou de Simone Weil à Antonin Artaud, est une tradition des marges et des profondeurs, où luit encore la possibilité de l'absolu. Somptueuse méditation sur la paranoïa qui hante les espaces de la politique contemporaine, plaidoyer pour une humanité survivante, chant d'amour pour les êtres et les oeuvres qui continuent à nous guider dans le noir, c'est peut-être le plus beau livre de Pacôme Thiellement.
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« Celui qui voit ne sait pas voir » : telle est la présupposition qui traverse notre histoire, de la caverne platonicienne à la dénonciation de la société du spectacle. Elle est commune au philosophe qui veut que chacun se tienne à sa place et aux révolutionnaires qui veulent arracher les dominés aux illusions qui les y maintiennent. Pour guérir l'aveuglement de celui qui voit, deux grandes stratégies tiennent encore le haut du pavé. L'une veut montrer aux aveugles ce qu'ils ne voient pas : cela va de la pédagogie explicatrice des cartels de musées aux installations spectaculaires destinés à faire découvrir aux étourdis qu'ils sont envahis par les images du pouvoir médiatique et de la société de consommation. L'autre veut couper à sa racine le mal de la vision en transformant le spectacle en performance et le spectateur en homme agissant. Les textes réunis dans ce recueil opposent à ces deux stratégies une hypothèse aussi simple que dérangeante : que le fait de voir ne comporte aucune infirmité ; que la transformation en spectateurs de ceux qui étaient voués aux contraintes et aux hiérarchies de l'action a pu contribuer au bouleversement des positions sociales ; et que la grande dénonciation de l'homme aliéné par l'excès des images a d'abord été la réponse de l'ordre dominant à ce désordre. L'émancipation du spectateur, c'est alors l'affirmation de sa capacité de voir ce qu'il voit et de savoir quoi en penser et quoi en faire. Les interventions réunies dans ce recueil examinent, à la lumière de cette hypothèse, quelques formes et problématiques significatives de l'art contemporain et s'efforcent de répondre à quelques questions : qu'entendre exactement par art politique ou politique de l'art ? Où en sommes-nous avec la tradition de l'art critique ou avec le désir de mettre l'art dans la vie ? Comment la critique militante de la consommation des marchandises et des images est-elle devenue l'affirmation mélancolique de leur toute-puissance ou la dénonciation réactionnaire de l' « homme démocratique » ?
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L'enquête infinie : Une autre histoire du XXe siècle
Pacôme Thiellement
- Alpha
- Philosophie
- 20 Mars 2024
- 9782383881018
Le petit Grégory, Alfred Jarry, Jack l'Éventreur, Ronald Reagan, David Bowie, Saddam Hussein, Edgar Allan Poe, Christine Chubbuck, Nicolas Sarkozy, Vincent Van Gogh, Mouammar Kadhafi, Martin Shkreli, Philip K. Dick, Nelson Mandela, Léona Delcourt, Otis Redding ou André Breton, qu'ont-ilsen commun ces individus hantant le XX e siècle comme s'il était un théâtre grinçant ? Sans eux, l'histoire de ce siècle - notre histoire - serait incompréhensible. Car il y a les récits de manuels, avec ses grands hommes et ses grands événements. Et puis il y a le reste - les légendes dont est tissée la réalité, et qu'on ne peut raconter qu'au coin du feu ou dans l'ombre d'une porte, de peur de passer pour fou. Pacôme Thiellement n'a pas peur de la folie. Et lorsqu'il choisit de raconter " son " XX e siècle, c'est à travers le plus étonnant des réseaux de correspondance, où la poésie fait écho au fait divers, les stars médiatiques à d'obscures préoccupations mystiques et les nobles déclarations politiques aux tentatives incessantes de rendre la vie des humains impossible. Qu'y a-t-il donc de commun entre toutes ces figures ? Elles firent de la question " Qu'est-ce que vivre ? " celle du siècle dernier.
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Ce livre rassemble des interventions répondant à la contrainte d'un présent : une série d'irruptions de la logique de l'égalité et du pouvoir de « ceux qui ne sont rien » - des indignés et Nuit debout aux Gilets jaunes et leurs ronds points ; l'émergence des populismes et le devenir autoritaire de la version « consensuelle » et « policière » de la démocratie ; le renouveau du racisme d'État et des passions inégalitaires - islamophobie, politiques anti-migrants et anti-roms, néorépublicanisme réactionnaire. Ce recueil est le témoin de la capacité d'un philosophe, dont toute la carrière s'est vue consacrée à défendre le sens égalitaire de la démocratie contre son dévoiement oligarchique, à prendre position sur trente années et intervenir dans la conjoncture politique et sociale.
Depuis trente ans la contre-révolution intellectuelle a cherché à transformer toutes les luttes sociales et les mouvements d'émancipation du passé en prodromes du totalitarisme, toutes les affirmations collectives opposées au règne des oligarchies économiques et étatiques en symptômes d'égoïsme et d'arriération.
Les interventions ici réunies veulent à l'inverse rendre sensibles les ruptures que les inventions égalitaires opèrent dans le tissu de la domination. Elles n'apportent pas le point de vue du savant ou du moraliste, mais seulement une contribution individuelle au travail par lequel individus et collectifs sans légitimité s'appliquent à redessiner la carte du possible.
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Cinéma Tome 1 : l'image-mouvement
Gilles Deleuze
- Éditions du Minuit
- Critique
- 1 Octobre 1983
- 9782707306593
Cette étude n'est pas une histoire du cinéma, mais un essai de classification des images et des signes tels qu'ils apparaissent au cinéma. On considère ici un premier type d'image, l'image-mouvement, avec ses variétés principales, image-perception, image-affection, image-action, et les signes (non linguistiques) qui les caractérisent. Tantôt la lumière entre en lutte avec les ténèbres, tantôt elle développe son rapport avec le blanc. Les qualités et les puissances tantôt s'expriment sur des visages, tantôt s'exposent dans des " espaces quelconques ", tantôt révèlent des mondes originaires, tantôt s'actualisent dans des milieux supposés réels. Les grands auteurs de cinéma inventent et composent des images et des signes, chacun à sa manière. Ils ne sont pas seulement confrontables à des peintres, des architectes, des musiciens mais à des penseurs. Il ne suffit pas de se plaindre ou de se féliciter de l'invasion de la pensée par l'audio-visuel ; il faut montrer comment la pensée opère avec les signes optiques et sonores de l'image-mouvement, et aussi d'une image-temps plus profonde, pour produire parfois de grandes oeuvres.
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La naissance de la tragédie
Friedrich Nietzsche
- Flammarion
- Gf ; Philosophie
- 2 Septembre 2015
- 9782081260979
Paru en 1872, La Naissance de la tragdie est l'acte de naissance d'un philosophe convaincu que seule la confrontation avec ce qui nous est tranger nous donne accs nous-mmes. En interrogeant la gense de la tragdie antique partir des pulsions que sont l'apollinien et le dionysiaque, Nietzsche met en lumire le sens du pessimisme propre la Grce prsocratique. Ce pessimisme de la force , lucide quant au caractre douloureux de la vie humaine, n'exclut pas, mais au contraire renforce le dsir d'exister. Par contraste, Nietzsche interroge galement une autre forme de pessimisme : le nihilisme dont souffre l'Europe moderne, consquence paradoxale du rationalisme socratique. La Naissance de la tragdie inaugure ainsi une forme de philosophie radicalement nouvelle : une philosophie qui, contre la rationalit triomphante, met au jour le fond pulsionnel de toute activit humaine, et qui s'attache comparer et valuer les cultures, en vue de mieux comprendre le prsent et de transformer l'avenir.
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À l'heure où le naturalisme (thèse selon laquelle tout ce qui existe - objets et événements - ne comporte de cause, d'explication et de fin que naturelles) exerce une force philosophique et scientifique grandissante, l'oeuvre de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) suscite un regain d'intérêt en raison de son mot d'ordre : le retour aux choses mêmes. Merleau-Ponty pose comme originaire l'étude de la perception : le corps n'est pas seulement une chose, qui serait un objet potentiel d'étude pour les sciences ; il est une condition permanente de l'expérience, parce qu'il constitue l'ouverture perceptive au monde et à son investissement. Il y a une coappartenance de la conscience et du corps dont l'analyse de la perception doit rendre compte. Merleau-Ponty rompt avec l'ontologie dualiste de Descartes et l'opposition entre les catégories de corps et d'esprit qui est si prégnante dans certaines sciences aujourd'hui : «C'est dans l'épreuve que je fais d'un corps explorateur voué aux choses et au monde, d'un sensible qui m'investit jusqu'au plus individuel de moi-même et m'attire aussitôt de la qualité à l'espace, de l'espace à la chose et de la chose à l'horizon des choses, c'est-à-dire à un monde déjà là, que se noue ma relation avec l'être.»
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Le visible et l'invisible ; notes de travail
Maurice Merleau-Ponty
- Gallimard
- Tel
- 23 Janvier 1979
- 9782070286256
Du grand ouvrage dont rêvait Merleau-Ponty ne restent que cent cinquante pages manuscrites. Quelle est leur fonction ? Introduire. Il s'agit de diriger le lecteur vers un domaine que ses habitudes de pensée ne lui rendent pas immédiatement accessible. Il s'agit, notamment, de le persuader que les concepts fondamentaux de la philosophie moderne - par exemple, les distinctions du sujet et de l'objet, de l'essence et du fait, de l'être et du néant, les notions de conscience, d'image, de chose - dont il est fait constamment usage impliquent déjà une interprétation singulière du monde et ne peuvent prétendre à une dignité spéciale quand notre propos est justement de nous remettre en face de notre expérience, pour chercher en elle la naissance du sens. Pourquoi est-il devenu nécessaire de prendre un nouveau départ, pourquoi ne pouvons-nous plus penser dans le cadre des anciens systèmes, ni même bâtir sur le sol où nous les voyons, si différents soient-ils dans leur orientation, plonger leurs racines, voilà ce que l'auteur s'efforce de dire tout d'abord.Considérations préliminaires, croirait-on donc. Et pourtant, telle est la nature de l'oeuvre que l'initiation est ici décisive, la vérité du parcours anticipée dans la première démarche.Claude Lefort
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Comment l'image-temps surgit-elle ? sans doute avec la mutation du cinéma, après la guerre, quand les situations sensori-motrices font place à des situations optiques et sonores pures (néo-réalisme).
Mais la mutation était préparée depuis longtemps, sous des modes très divers (ozu, mais aussi mankiewic, ou même la comédie musicale). l'image-temps ne supprime pas l'image-mouvement, elle renverse le rapport de subordination au lieu que le temps soit le nombre ou la mesure du mouvement, c'est-à-dire une représentation indirecte, le mouvement n'est plus que la conséquence d'une présentation directe du temps : par là même, un faux mouvement, un faux raccord.
Le faux raccord est un exemple de " coupure irrationnelle ". et, tandis que le cinéma du mouvement opère des enchaînements d'images par coupures rationnelles, le cinéma du temps procède à des ré-enchaînements sur coupure irrationnelle (notamment entre l'image sonore et l'image visuelle).
C'est une erreur de dire que l'image cinématographique est forcément au présent. l'image-temps directe n'est pas au présent, pas plus qu'elle n'est souvenir.
Elle rompt avec la succession empirique et avec la mémoire psychologique, pour s'élever à un ordre ou une série du temps (welles, resnais, godard...). ces signes de temps sont inséparables de signes de pensée et de signes de parole. mais comment la pensée se présente-t-elle au cinéma et quels sont les actes de parole spécifiquement cinématographiques ?
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Les mots et les torts ; dialogue avec Javier Bassas
Jacques Rancière
- Fabrique
- 19 Février 2021
- 9782358722087
En dialoguant avec le jeune philosophe espagnol Javier Bassas, Jacques Rancière explicite et illustre une idée qui est au coeur de tout son travail : les mots ne sont pas, comme on le dit souvent, les ombres auxquelles s'oppose la réalité solide des choses. Les mots sont eux-mêmes des réalités dont l'action construit ou subvertit un ordre du monde. En politique, le combat des opprimés a constamment emprunté aux maîtres leurs mots et détourné le sens de ces mots pour briser le consensus, c'est-à-dire le rapport établi entre les choses et les mots qui compose le paysage sensible de la domination. Cette puissance des mots qui défait un ordre établi en subvertissant le paysage normal du visible, Jacques Rancière la montre encore à l'oeuvre dans les mouvements démocratiques récents depuis la révolution de jasmin tunisienne jusqu'aux mouvements d'occupation des places.
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Nadège Beausson-Diagne - Mata Gabin - Maïmouna Gueye - Eye Haïdara - Rachel Khan - Aïssa Maïga - Sara Martins - Marie-Philomène NGA - Sabine Pakora - Firmine Richard - Sonia Rolland - Magaajyia Silberfeld - Shirley Souagnon - Assa Sylla - Karidja Touré - France Zobda. Stéréotypes, racisme et diversité : 16 actrices témoignent.
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On le sait depuis Aristote : ce qui distingue la fiction de l'expérience ordinaire, ce n'est pas un défaut de réalité mais un surcroît de rationalité. Elle dédaigne en effet l'ordinaire des choses qui arrivent les unes après les autres pour montrer comment l'inattendu advient, le bonheur se transforme en malheur et l'ignorance en savoir.
Cette rationalité fictionnelle a subi à l'âge moderne un destin contradictoire. La science sociale a étendu à l'ensemble des rapports humains le modèle d'enchaînement causal qu'elle réservait aux actions d'êtres choisis. La littérature, à l'inverse, l'a remis en cause pour se mettre au rythme du quotidien quelconque et des existences ordinaires et s'installer sur le bord extrême qui sépare ce qu'il y a de ce qui arrive.
Dans les fictions avouées de la littérature comme dans les fictions inavouées de la politique, de la science sociale ou du journalisme, il s'agit toujours de construire les formes perceptibles et pensables d'un monde commun. De Stendhal à João Guimarães Rosa ou de Marx à Sebald, en passant par Balzac, Poe, Maupassant, Proust, Rilke, Conrad, Auerbach, Faulkner et quelques autres, ce livre explore ces constructions au bord du rien et du tout.
En un temps où la médiocre fiction nommée « information » prétend saturer le champ de l'actuel avec ses feuilletons éculés de petits arrivistes à l'assaut du pouvoir sur fond de récits immémoriaux d'atrocités lointaines, une telle recherche peut contribuer à élargir l'horizon des regards et des pensées sur ce qu'on appelle un monde et sur les manières de l'habiter.
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La Nouvelle vague ; portrait d'une jeunesse
Antoine de Baecque
- Flammarion
- Champs Art
- 8 Mai 2019
- 9782081479418
Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo déambulant sur les Champs-Élysées dans À bout de souffle, Jean-Pierre Léaud fuyant son enfance délinquante sur une plage de Normandie dans Les Quatre Cents Coups : autant d'images qui incarnent la mythologie de la Nouvelle Vague.La liberté scandaleuse de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme avait ouvert la voie en 1956. Entre 1959 et 1962, de jeunes cinéastes - François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Éric Rohmer... - changent le visage du cinéma français. Ils imposent à l'écran, stylisés, des gestes, des attitudes, des apparences, des manières d'être, d'aimer, dans lesquels se reconnaissent d'emblée les spectateurs de leur génération.Mouvement de cinéma, mouvement de jeunesse : c'est ce moment unique de l'histoire culturelle française que retrace et analyse Antoine de Baecque.
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Utopies féministes sur nos écrans : les amitiés féminines en action
Pauline Le gall
- Les Daronnes
- 26 Mai 2022
- 9782492312045
Qu'est-ce qui rend uniques, intéressantes et politiques les amitiés féminines ? Pauline Le Gall, journaliste & autrice, donne un écho aux expériences d'amitié féminine en fiction. Car, dans la vie comme à l'écran, elles n'existent jamais en dehors du système patriarcal. Basé sur un corpus de films & séries allant de Thelma & Louise à la série PEN15, elle explore la pop culture et ce qui se joue sur nos écrans, en passant des lieux où se déroule l'action aux personnes qui créent ces histoires, des représentations du genre aux bases d'une nouvelle société. Nous pouvons tout à la fois nous réjouir et analyser les changements à l'oeuvre, car il reste non seulement beaucoup à dire, mais aussi beaucoup à montrer à l'écran.
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On rencontre souvent la notion d'« écart » chez Rancière, toujours soucieux de « faire du deux avec de l'un ». Appliquée au cinéma, l'écart porte aussi bien sur la nature de la cinéphilie, qui lie le culte de l'art et la démocratie des divertissements, sur le rapport compliqué entre cinéma et politique, ou encore sur l'unité même de cet art, forme d'émotion ou vision du monde. Peut-être faut-il se demander « si le cinéma n'existe pas justement sous la forme de ce système d'écarts irréductibles entre des choses qui portent le même nom sans être des membres d'un même corps ».
C'est à partir de questions de cet ordre que Rancière convoque Bresson, Straub et Huillet, Pedro Costa, mais aussi Minelli et Hitchcock. Il ne raconte pas les films, il ne les commente pas non plus comme ferait un journaliste - il montre ce que, sans lui, nous ne verrions sans doute pas.
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Voir une image, cela peut-il nous aider à mieux savoir notre histoire ?
En août 1944, les membres du Sonderkommando d'Auschwitz-Birkenau réussirent à photographier clandestinement le processus d'extermination au coeur duquel ils se trouvaient prisonniers. Quatre photographies nous restent de ce moment. On tente ici d'en retracer les péripéties, d'en produire une phénoménologie, d'en saisir la nécessité hier comme aujourd'hui. Cette analyse suppose un questionnement des conditions dans lesquelles une source visuelle peut être utilisée par la discipline historique. Elle débouche, également, sur une critique philosophique de l'inimaginable dont cette histoire, la Shoah, se trouve souvent qualifiée. On tente donc de mesurer la part d'imaginable que l'expérience des camps suscite malgré tout, afin de mieux comprendre la valeur, aussi nécessaire que lacunaire, des images dans l'histoire. Il s'agit de comprendre ce que malgré tout veut dire en un tel contexte.
Cette position ayant fait l'objet d'une polémique, on répond, dans une seconde partie, aux objections afin de prolonger et d'approfondir l'argument lui-même. On précise le double régime de l'image selon la valeur d'usage où on a choisi de la placer. On réfute que l'image soit toute. On observe comment elle peut toucher au réel malgré tout, et déchirer ainsi les écrans du fétichisme. On pose la question des images d'archives et de leur "lisibilité". On analyse la valeur de connaissance que prend le montage, notamment dans Shoah de Claude Lanzmann et Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard. On distingue la ressemblance du semblant (comme fausseté) et de l'assimilation (comme identité). On interroge la notion de " rédemption par l'image " chez Walter Benjamin et Siegfried Kracauer. On redécouvre avec Hannah Arendt la place de l'imagination dans la question éthique. Et l'on réinterprète notre malaise dans la culture sous l'angle de l'image à l'époque de l'imagination déchirée.