1921-2021. Il y a cent ans paraissait Dersou Ouzala de Vladimir Arseniev. Succès à parution, cette oeuvre magnétique deviendra mondialement connue grâce au film d'Akira Kurosawa. Le théâtre du récit est la forêt de l'Extrême-Orient sibérien alors que la ruée vers l'Est supplante les tribus de souche. Au centre de l'histoire rayonne la figure de Dersou Ouzala, chasseur nanaï initié aux secrets de la forêt, héros animiste qui incarne les valeurs d'amitié, de communion avec la nature et de respect du vivant...
Il n'existait en français qu'une traduction abrégée aux deux tiers datant de 1939, plusieurs fois rééditée.
Transboréal assure ainsi la première édition intégrale à partir de la version originale sauvée du caviardage soviétique et enrichie d'une préface ainsi que d'illustrations inédites.
« Il n'est pas dans mon intention de faire ici la leçon à qui que ce soit, ni d'imposer un point de vue. Ce livre n'a été dicté que par le désir de défricher la jungle des possibilités qui s'offrent à un art encore jeune et magnifique, toujours à explorer, et de m'y retrouver moi-même aussi indépendant et libre que possible ».
Andreï Tarkovski, tout au long de son oeuvre cinématographique, rédige des notes de travail, des réflexions sur son art, restituant dans le même mouvement son itinéraire d'homme et d'artiste.
À partir de son exil en Italie où il réalise Nostalghia en 1983, puis en France durant la dernière année de sa vie, il rassemble ces écrits qui sont d'abord édités en Allemagne puis dans les autres pays d'Europe occidentale où ils deviendront vite une référence incontournable.
Il y aborde une large réflexion aussi bien sur la civilisation contemporaine que sur l'art cinématographique : son ontologie et sa place parmi les autres arts, ou des aspects plus concrets comme le scénario, le montage, l'acteur, le son, la musique, la lumière, le cadrage.
Puisant dans son expérience de cinéaste, dans sa vaste culture littéraire, se remémorant ses années de formation, les luttes interminables pour terminer ses films à l'époque soviétique, Andreï Tarkovski offre ici le livre-bilan d'un artiste en recherche de sens, d'un homme qui consacra son inépuisable énergie à « fixer le temps ».
Quand Andreï Tarkovski commence, en avril 1970, à tenir le journal qui accompagnera les seize dernières années de sa vie, il a tout juste 38 ans, sa femme attend un enfant. Le cinéaste vient d'acheter une maison à la campagne et son film autobiographique, Le Miroir, est en germe dans son esprit. Derrière lui : un Lion d'or à Venise pour L'Enfance d'Ivan, et un monument, Andreï Roublev.
Il ne cesse dès lors de noter ses lectures et ses réflexions, les aléas de ses productions, les espoirs et les difficultés de son travail, la sortie de ses films dans ce qui s'appelle encore l'Union soviétique. Au cours des années 1980, ce journal devient un « journal d'exil ». Tarkovski tourne en Italie Nostalghia, en Suède Le Sacrifice, et c'est à Paris qu'il meurt d'un cancer en 1986, à l'âge de 54 ans.
Revivre la vie de ce créateur, au jour le jour, est une expérience passionnante : on y découvre, dans toute leur concision et leur naturel, les intuitions qui font d'Andreï Tarkovski l'un des très rares artistes philosophes de notre époque. La publication de ce livre-boussole montre à quel point son oeuvre reste inachevée et ouverte.
La nouvelle édition du Journal contient des textes inédits, des réflexions et projets retrouvés par sa femme Larissa. Rétablissant également des erreurs d'attribution des premières parutions, elle est en cela l'édition définitive. Le parcours tourmenté d'un artiste en quête de sa liberté, un éloge bouleversant de la vie, porté par un inusable espoir.
Retrouvés à Florence dans les archives personnelles d'Andreï Arsenievitch Tarkovski, ces récits passionneront tous ceux qui aiment l'oeuvre du cinéaste. Rédigés, comme les poèmes qui les accompagnent, entre 1960 et juillet 1962 - l'auteur a tout juste trente ans -, ces textes sont de véritables tableaux impressionnistes : la neige, le ciel et la taïga servent de rideaux de scène à de mini-drames, d'émouvantes et parfois cruelles plongées au coeur de l'âme et de la vie russes, de rencontres avec des personnages de femmes, amantes ou mères, à la fois fugitives et si présentes. On ne peut que succomber au charme - et à la force - de ces écrits de jeunesse dont chaque page annonce la naissance du prodigieux auteur d'Andreï Roublev.
« Par rapport au Goulag, je regarde l'Enfer de Dante comme un hôtel cinq étoiles... » Ce propos de Vadim Toumanov résume l'intensité tragique de son ouvrage.
C'est un récit autobiographique dont le nerf est l'action. Sous l'action perce, en filigrane, la réflexion du narrateur aux prises avec les destinées de son pays, la Russie. Style narratif vif, direct, évocateur. Le cinéaste Alexandre Mitta a pu dire : « À chaque page, je vois un film, un scénario. » Marin au long cours, boxeur, poète, forçat du Goulag, chercheur d'or, entrepreneur, Vadim Toumanov pourrait ressembler à un personnage de Jack London. L'expression « un roman que sa vie », si galvaudée soit-elle, se justifie parfaitement en l'espèce, et son autobiographie est à la hauteur d'un tel destin.
Ce livre est souvent comparé aux meilleures peintures littéraires des camps staliniens : Soljénitsyne, Guinzbourg, Chalamov, d'autres encore. Mais il les surpasse magiquement par la foi qu'il infuse dans le triomphe de la vie. Si la littérature commence là où l'auteur « embarque » son lecteur, alors nous y sommes : une puissance d'évocation qui nous entraîne aux enfers, et une puissance de caractère qui nous en extirpe, car la main qui écrit, pleine de vie, nous tire des situations les plus désespérées, par le col, pour nous ramener à la lumière. Au lieu de refermer ce volume avec des idées noires, on envie son auteur pour sa force, comme si ses poings de boxeur knockoutaient aussi le malheur et l'injustice.
Sous sa plume, la poésie, la tendresse, l'amitié et l'amour ne sont jamais loin, et l'on verra que notre chercheur d'or réussit même son mariage. Un livre humain et humaniste.
Assoiffé de nature et d'aventure, un enfant russe de l'après-guerre se prend pour Tom Sawyer au bord du Don paisible. Pour vivre sa passion, le petit Valentin fait l'école buissonnière, fugue, se gave de livres, fraie avec les voyous. Mais, cédant à l'appel de la forêt, il choisit bientôt sa voie en devenant chasseur dans la taïga sibérienne. Et son récit, commencé comme une autobiographie, se développe en dialogue avec le monde sauvage. Que fait-il quand la chasse le désenchante ? Valentin Pajetnov s'installe à la source de la Volga pour se consacrer à l'étude de l'ours, court les bois du printemps à l'automne avec des oursons orphelins, les accompagne jusqu'à la tanière, retient leurs leçons. Ce livre est donc celui d'un berger à ours tout à la fois chercheur, observateur et conteur. Une singulière pastorale qui nous révèle un rapport intime et fusionnel à la nature, où chaque mot est vécu.