« Ce que les Blancs ont à faire, c'est d'essayer de comprendre au fond d'eux-mêmes pourquoi ils ont trouvé nécessaire d'inventer le "nègre". Parce que je ne suis pas un nègre, je suis un homme. Mais si vous pensez que je suis un nègre, c'est que vous en avez besoin. » Dans ses dernières années, le grand écrivain noir américain James Baldwin (1924-1987) avait commencé l'écriture d'un livre sur trois de ses amis assassinés respectivement en 1963, 1965 et 1968, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. Raoul Peck a repris ce manuscrit inédit en le juxtaposant avec des lettres, des interviews et des discours de Baldwin. Ce voyage kaléidoscopique dans la vie et la pensée de James Baldwin révèle sa vision tragique, profonde et subtile de l'histoire des Noirs aux États-Unis. Raoul Peck en a fait un documentaire multiprimé, qui a été vu par 800 000 spectateurs américains, a été sélectionné aux Oscars et a donné naissance à un mouvement, #knowyourBaldwin, qui exige l'inclusion de l'oeuvre de l'écrivain dans le cursus scolaire.
Aujourd'hui, ce film devient un livre illustré d'une quarantaine de photogrammes. En ces temps qui ont porté au pouvoir Donald Trump, les mots de Baldwin résonnent encore plus fort. I Am Not Your Negro y trouve une nouvelle urgence, qui ne concerne pas seulement les États-Unis... Le texte est précédé d'une introduction de Raoul Peck sur l'actualité de Baldwin en France aujourd'hui.
Responsable du lancement de la bombe atomique sur Hiroshima (60 000 morts) et Nagasaki (80 000 morts), Harry S. Truman se vantait de ne jamais avoir éprouvé le moindre remords. À un journaliste qui lui demandait si la décision avait été moralement difficile à prendre, il répondit en claquant des doigts : " Je l'ai fait comme ça. " Trente ans plus tard, l'offensive du Vietcong pulvérisa l'armée sud-vietnamienne. Richard Nixon envisagea de faire sauter les digues et les centrales électriques. " Au risque de noyer deux cent mille personnes ? ", objecta Henry Kissinger. Réponse de Nixon : " Non, je préférerais utiliser la bombe atomique. " " Je crois que ce serait quand même un peu excessif ", répondit Kissinger. " La bombe, ça vous gêne ? Allons Henry, un peu de largeur de vue, bon sang ! ", rétorqua Nixon.
Ces confessions donnent la mesure de la responsabilité historique des présidents américains. Inconscients, parfois criminels par procuration, souvent sous influence de " faucons ", comme l'a encore montré la dernière guerre d'Irak, avec ses 200 000 morts. Démystificatrice, provocatrice, cette vaste fresque de l'histoire contemporaine de l'Amérique, qui remet en cause sa légitimité sur la scène internationale, a déclenché une importante controverse. Les auteurs pour le livre comme pour la série TV, ont analysé dans leurs moindres détails les archives américaines, russes, anglaises, allemandes et japonaises.