« Peter Brook n´est pas seulement un metteur en scène et pas seulement un théoricien, même pragmatique, du théâtre. Sans l´avouer, du moins dans ce livre, il a de plus grandes ambitions. Le théâtre est pour lui, à coup sûr, une fin. Mais il est aussi le moyen de fonder et d´entretenir une communauté d´hommes et de femmes capables de porter atteinte, par leur seul exemple, à un ordre établi, d´apporter une inquiétude et un bonheur que d´autres arts du spectacle, trop dépendants des forces économiques qu´ils pourraient dénoncer, ne peuvent faire éclore.
Voici un livre indispensable à ceux qui aiment le théâtre et à ceux qui ne l´aiment pas. A ceux qui en font et à ceux qui y assistent. Car il y est autant question du public que des interprètes, acteurs ou metteurs en scène, grâce auxquels le théâtre, écrit ou non écrit, peut vivre.»
Les six pièces de ce recueil représentent l'ensemble de son théâtre paru à ce jour en Italie.
Calderón.
De la bourgeoisie à l'Armée rouge en passant par le quartier des prostituées et la clinique psychiatrique, Pasolini interroge notre histoire du théâtre.
Affabulazione.
Pasolini entre le mythe et l'histoire, hanté par le mythe - ici celui d'oedipe - et rattrapé par l'histoire. L'histoire a effacé les pères, ils ne sont plus incontournables, aucun désir de meurtre n'habite plus les fils, c'est donc le père qui devra tuer.
Pylade.
Après les Euménides, après le jugement des dieux qui l'absout, Oreste revient à Argos métamorphosé par son passage à Athènes où, pour la première fois de sa vie, il a assisté à un jugement édicté par les hommes et non par les dieux. Il va instaurer ce nouveau régime dans sa cité.
Porcherie.
Ce pourrait être l'histoire banale d'un fils de bourgeois attiré par des amours bizarres, si l'on n'y lisait aussi le drame d'une génération perdue dans l'Allemagne amnésique de l'après-guerre.
Orgie.
Les dernières scènes de la vie d'un couple, comme une Passion sans Judas, à deux. Ailleurs et dans un autre temps, c'eût été une grande histoire d'amour et de jouissance.
Bête de style.
Poésie et histoire s'affrontent : contre la violence de l'histoire et contre le poids des modèles hérités des pères et des maîtres, le poète clame des vérités impossibles.
Ttraduit de l'italien par Michèle Fabien, Titina Maselli et Alberte Spinette.
De Catherine Deneuve à Marilyn Monroe en passant par Romy Schneider et Delphine Seyrig, Des femmes qui nagent est un portrait kaléidoscopique d'actrices et de réalisatrices, dont certaines, pionnières, ont été oubliées. À travers cet hommage sororal, Pauline Peyrade nous renvoie le reflet de femmes puissantes et multiples, créatrices de leur vie autant que de leur art.
« Au début du geste, il y avait une actrice, il y avait Marilyn. Il y avait sa voix, ses sourires, ses haussements d'épaules. Il y avait l'irrésisti ble, le mystère, les médicaments, la disparition. Il y avait la fascination, une tentative de mettre en mots l'insaisissable, de capturer la belle sur la page.
Puis sont apparues Romy, Karidja, Brigitte, Anonyme 1, Mouna, Anonyme 2, Delphine, Adèle, Danielle, Catherine, Isabelle, Patricia, Maggie, Aïssa, et d'autres qui patientent encore aux portes de l'écriture comme dans les salles d'attente des auditions, des concours, des agences. Elles surgissent par associations, par fractures, pour brosser par touches un portrait pluriel, un parcours diffracté qui raconte les actrices et interroge leurs places dans nos imaginaires et dans nos fictions. » Pauline Peyrade
Ce livre fut une révolution.
Reconsidération totale de l'acteur, il propose une méthode quotidienne de travail d'une efficacité reconnue mondialement.
Créateur du Théâtre d'Art de Moscou, Constantin Stanislavski a été le premier dans le monde à offrir une leçon fondamentale de l'art dramatique et de celui du comédien. C'est à lui que l'on doit le nouveau « théâtre réaliste ».
Rouché, Antoine, Copeau, Dullin, Jouvet - pour ne citer qu'eux - ont profité de son enseignement.
Le théâtre et le cinéma américains se sont largement inspirés de ses principes. Son élève, Michael Chekhov, neveu du célèbre écrivain, a créé l'Actors Studio, de réputation mondiale.
Stanislavski a laissé une trace ineffaçable dans l'art dramatique de tous les pays.
" La mémoire a conservé peu de choses de ce spectacle, sinon la certitude de quelque chose de capital, quelque chose qu'on se doit de dire, et qui là est dit, une fois pour toutes, mieux que jamais, et si raidement, si purement, qu'on en tremble, qu'on en a la parole coupée, et qu'on sort le coeur blessé et pansé, baigné d'une effluve de larmes. " Hervé Guibert Cet enregistrement de Café Müller a été réalisé en 1985 avec Pina Bausch qui en outre a supervisé toute la production du film. Un document historique.
DU 10 SEPTEMBRE AU 20 OCTOBRE 2019 AU THEATRE DU ROND-POINT (PARIS). Parler du monde, de l'existence, c'est un peu ça le théâtre, non ? Coline Serreau invente un "dialogue de vie". Au lecteur de choisir, depuis des thématiques proposées, quelle part de sa vie elle va aborder : thèmes afférents aux arts, aux combats quotidiens, aux génies de l'histoire ou à sa propre carrière. Elle s'engage à tout dire, parole libre, échanges, ponctués d'images, dans un dispositif truffé de fausses pistes et de surprises.
Cet ouvrage paraît à l'occasion de l'exposition Beat Generation qui se tiendra au Centre Georges Pompidou du 22 juin au 3 octobre 2016, commissariat Philippe-Alain Michaud.
Comme L'Âge d'or en son temps pour le mouvement surréaliste, Pull My Daisy demeure [...] l'un des rares films à n'avoir pas galvaudé, formellement, l'esprit de liberté qui animait la Beat Generation, tout en en réunissant, avant qu'elle ne se disperse, la fine fleur littéraire, photographique, picturale et musicale poussant à la frontière de la culture américaine. Patrice Rollet Des poètes beat (Allen Ginsberg, Gregory Corso et Peter Orlovsky) ; des peintres (Alfred Leslie, Larry Rivers, Alice Neal) ; une comédienne française débutante qui se fait appeler Beltiane (Delphine Seyrig, un an avant L'Année dernière à Marienbad) ; un marchand d'art qui joue le rôle d'un évêque (Richard Bellamy) ; une danseuse (Sally Gross) ; un musicien (David Amram) et un photographe (Robert Frank, qui commençait à être connu pour ses images des Américains)... Puis l'immense Jack Kerouac, auteur d'une pièce dont le troisième acte donnera sa trame au film, qui improvisera un commentaire sur les images déjà tournées et montées. Mélange étrange. Voici Pull My Daisy, film-culte de la Beat Generation.
Depuis 1959, le film a une réputation à tenir : spontané, non planifié, non dirigé, improvisé, dont le couronnement est ce commentaire intense et poétique de Kerouac, scandé de sa voix si profonde et si mélodieuse (« Personne ne peut déclamer la langue comme les poètes peuvent le faire », dira de lui Alfred Leslie). Même si l'on sait que, d'une manière ou d'une autre, Pull My Daisy a été planifié et dirigé par ses deux réalisateurs, Alfred Leslie et Robert Frank, on se demande comment discipliner de tels acteurs... David Amram se souviendra que Robert Frank tentait de faire sérieusement son travail, mais tous essayaient de le faire rire, et aussi que les indications de jeu données par Alfred Leslie étaient couvertes par le vacarme de la bande... C'est peut-être là que se situe la « spontanéité » qui transparaît dans Pull My Daisy.
John Cohen, à qui Robert Frank avait demandé de prendre des photographies du tournage, a été le témoin de ces journées passées à « cueillir la pâquerette » et ses splendides images rayonnent d'une joie communicative.
Une introduction de Patrice Rollet et un texte de présentation de Pull My Daisy par Jack Sargeant, ainsi que deux entretiens qu'il a menés avec Alfred Leslie et Robert Frank complètent la première traduction française du génial commentaire improvisé par Kerouac.
Jeunes filles en uniforme, pièce d'abord intitulée Hier et aujourd'hui, est un drame lesbien. La pièce (1930) conte la passion qui naît entre une élève et une enseignante dans un pensionnat de jeunes filles soumis à une discipline de fer. Christa Winsloe y critique le militarisme prussien de l'entre-deux-guerres et une éducation destinant les jeunes filles à devenir des mères de soldats.
La pièce eut tant de succès qu'elle fut adaptée au cinéma dès l'année suivante par Leontine Sagan. La pièce et le film, avec les sous-titres de Colette, rencontrèrent aussi un grand succès en France en 1932. L'Allemagne nazie interdit vite les deux oeuvres.
Le film est ici proposé sur support DVD pour la première fois en France, en version originale, sous-titré par Colette avec l'autorisation de ses ayants-droit. Il a été édité sur le même support en 2021, avec sous-titres anglais seulement, par le British Film Institute.
Le titre du film paraît biblique, un peu provocant. Une femme, des femmes, un homme, des hommes. Qui ne sont peut-être qu'un et se manifestant sous plusieurs apparences. Des enfants aussi et, bien sûr, des passions. La danse en fait partie. Autant de marques pour jalonner le parcours. Justement, un parcours peu habituel à l'intérieur de la ville et dans les paysages autour de Wuppertal, où la chorégraphe habita et travailla pendant presque quarante ans.
Un portrait ne raconte pas une histoire. On peut seulement deviner la biographie de celui ou de celle qui est portraituré. Même quand il s'étale dans le temps - ce qui est ici le cas - une histoire se dégage à peine. Au lieu de cela le film creuse dans la profondeur des sensations, des atmosphères jamais vues et entendues.
C'est aussi un film sur les saisons. Les feuilles en automne. La neige en hiver. L'herbe au printemps. Sur des arbres qui portent des numéros. Sur des eaux vives et des fruits étranges. Il y a un désir criant dans ce film, le besoin d'être aimé, la peur de la fin.
Voici une petite sensation: le premier DVD d'une pièce de Pina Bausch.
Kontakthof,pièce "mythique", a été, en 2001, mise en scène avec des dames et des messieurs ayant un certain âge, ni acteurs ni danseurs, mais disposant d'un trésor d'expériences.
Deux plans interfèrent pendant toute la pièce: les relations entre hommes et femmes, et la nécessité de se montrer à un public. Le Kontakthof ("cour de contact") est l'endroit où les prostituées attendent leurs clients. Le théâtre est la forme sublimée d'un processus similaire.
La scène consiste en un espace surélévé, gris, style 1900, érigé en salle de danse avec une estrade et un piano, comme une scène sur la scène. Rolf Borzik, le créateur de la scénographie et des costumes, a réalisé ici l'une de ses grandes oeuvres, typiques d'une série de spectacles qui ont fondé la renommée mondiale de la troupe.
L'aspect "Variétés" de la pièce est souligné dans la musique: les chansons des années 20 et 30, avec leur mélodie nostalgique, sur la brèche entre joie et désespoir, emporte danseurs et spectateurs comme en un souffle.
Lors de la première, en 1978, la pièce fut bien sûr interprétée par les danseuses et danseurs de la troupe de Pina Bausch. Mais le désir de la chorégraphe de voir un jour la pièce interprétée par des danseurs plus âgés était déjà là.
Walzer - « valse » en français - quel titre envoûtant ! Et à première vue, on se sent à l'aise chez Pina Bausch.
On dort, on rêve, jusqu'à ce que quelqu'un s'éveille, heureusement assez tôt, pour éteindre un feu qui couve. Peu importe, la fête continue. Bien que les invités soient un peu bizarres. Ils bougent comme s'ils étaient inconscients et pourtant sûrs d'eux comme des noctambules. Ils portent une charge : le fardeau de leur vie.
Le moment arrive où la première commence à parler, Mechthild Grossmann, par terre et un verre de vin à la main. Mais il y a d'autres femmes, surtout des femmes. Les solos inoubliables de Meryl Tankard, Jo Ann Endicott ou encore Nazareth Panadero. Ça, c'est la grande Pina Bausch qui dans les années 1970 et 1980 réunissait autour d'elle une bande de danseurs révolutionnaires. Inoubliable, inégalable. Où chaque danseur et chaque danseuse fut un interprète hors pair et un personnage, qui pouvait remplir sans peine toute une scène vide.
Walzer est un film de 55 minutes issu d'une pièce qui dure plus de trois heures et dont la première a eu lieu en 1982 au Théâtre Carré d'Amsterdam. L'extrait a été choisi par Pina Bausch et c'est encore elle qui a supervisé l'enregistrement et le montage.
S'il existe un moyen de conserver l'esprit d'un spectacle vivant, on peut le contempler ici.
Il y a des surprises qui ressemblent à des miracles. Avant de tourner son film La Plainte de l'impératrice, Pina Bausch s'est pliée à un exercice. Elle a dû montrer aux coproducteurs des chaînes de télévision, qu'elle était capable de faire un film sans scénario. Sa méthode était incompatible avec les méthodes traditionnelles du cinéma. Ainsi, un film est né, un film qui documente les répétitions d'une de ses pièces portant le titre (intraduisible) Ahnen. Et ce film montre un ensemble de danseuses hors pair. En attendant, en cherchant et créant. Un document unique. En fait il y a ici vraiment de quoi crier au miracle.
Avec le fac-similé du carnet de mise en scène de l'auteur. Contient 1 DVD
" Je peux très bien admettre que vous m'aimez ou pas, cela me va. Je fais mon travail, et c'est, je pense, le plus important pour un artiste, faire son travail, à sa façon, avec sa vision, sans accorder d'importance aux réactions. Je ne le fais pas. Je ne l'ai jamais fait... Dans me pires moments, lorsque j'étais attaqué de toutes parts, je m'en fichais, je ne vivais pas pour ce que les gens disaient de moi. La seule manière d'être reconnu, c'est par son travail, et non parce que quelqu'un nous encense. "