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Sur Spinoza. Cours novembre 1980 - mars 1981
Gilles Deleuze
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 3 Octobre 2024
- 9782707355591
Juste après la destruction de l'université de Vincennes en 1980, Deleuze consacre ses premiers cours dans les nouveaux locaux de Saint-Denis à l'Éthique de Spinoza. Ce n'est certainement pas un hasard, étant donné la place centrale chez Deleuze de cette oeuvre immense, unique dans l'histoire de la philosophie, à laquelle il a consacré deux livres.
Ce cours est constitué de quinze séances au cours desquelles Deleuze veut montrer l'importance, non pas théorique, mais profondément vitale de la philosophie de Spinoza. Dans cette traversée, sont abordées des questions fondamentales du spinozisme. Comment se défaire de la négativité des passions mauvaises (haine, ressentiment, envie) ? Comment en finir avec le jugement moral (bien et mal) pour lui substituer une éthique du bon et du mauvais ? Ces questions engagent chez Spinoza une nouvelle théorie des signes. Quels signes doivent guider les existences si elles veulent atteindre, au cours même de cette vie, une forme d'éternité ? Dès lors, quelle différence entre l'éternité - expérimentée ici et maintenant - et l'immortalité que philosophies et religions nous promettent ? De séance en séance, Deleuze montre comment Spinoza met fin à un monde fortement hiérarchisé dont Dieu était le sommet autoritaire et impénétrable, un monde où les individus étaient égarés par des signes sombres et équivoques, pour proposer un monde où règne la lumière de la raison, où Dieu se confond avec les puissances de la nature, où désormais les êtres sont tous à égalité, capables de posséder leur puissance de vie, pourvu qu'ils apprennent à en connaître la logique et la valeur. -
L'oeil et l'esprit
Maurice Merleau-Ponty
- Folio
- Folioplus Philosophie
- 21 Septembre 2006
- 9782070339136
«L'Oeil et l'Esprit est le dernier écrit que Merleau-Ponty put achever de son vivant. Installé, pour deux ou trois mois, dans la campagne provençale, non loin d'Aix, au Tholonet, goûtant le plaisir de ce lieu qu'on sentait fait pour être habité, mais surtout, jouissant chaque jour du paysage qui porte à jamais l'empreinte de l'oeil de Cézanne, Merleau-Ponty réinterroge la vision, en même temps que la peinture. Il cherche, une fois de plus, les mots du commencement, des mots, par exemple, capables de nommer ce qui fait le miracle du corps humain, son inexplicable animation, sitôt noué son dialogue muet avec les autres, le monde et lui-même - et aussi la fragilité de ce miracle.» Claude Lefort.
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À l'heure où le naturalisme (thèse selon laquelle tout ce qui existe - objets et événements - ne comporte de cause, d'explication et de fin que naturelles) exerce une force philosophique et scientifique grandissante, l'oeuvre de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) suscite un regain d'intérêt en raison de son mot d'ordre : le retour aux choses mêmes. Merleau-Ponty pose comme originaire l'étude de la perception : le corps n'est pas seulement une chose, qui serait un objet potentiel d'étude pour les sciences ; il est une condition permanente de l'expérience, parce qu'il constitue l'ouverture perceptive au monde et à son investissement. Il y a une coappartenance de la conscience et du corps dont l'analyse de la perception doit rendre compte. Merleau-Ponty rompt avec l'ontologie dualiste de Descartes et l'opposition entre les catégories de corps et d'esprit qui est si prégnante dans certaines sciences aujourd'hui : «C'est dans l'épreuve que je fais d'un corps explorateur voué aux choses et au monde, d'un sensible qui m'investit jusqu'au plus individuel de moi-même et m'attire aussitôt de la qualité à l'espace, de l'espace à la chose et de la chose à l'horizon des choses, c'est-à-dire à un monde déjà là, que se noue ma relation avec l'être.»
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Cinéma Tome 1 : l'image-mouvement
Gilles Deleuze
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Octobre 1983
- 9782707306593
Cette étude n'est pas une histoire du cinéma, mais un essai de classification des images et des signes tels qu'ils apparaissent au cinéma. On considère ici un premier type d'image, l'image-mouvement, avec ses variétés principales, image-perception, image-affection, image-action, et les signes (non linguistiques) qui les caractérisent. Tantôt la lumière entre en lutte avec les ténèbres, tantôt elle développe son rapport avec le blanc. Les qualités et les puissances tantôt s'expriment sur des visages, tantôt s'exposent dans des " espaces quelconques ", tantôt révèlent des mondes originaires, tantôt s'actualisent dans des milieux supposés réels. Les grands auteurs de cinéma inventent et composent des images et des signes, chacun à sa manière. Ils ne sont pas seulement confrontables à des peintres, des architectes, des musiciens mais à des penseurs. Il ne suffit pas de se plaindre ou de se féliciter de l'invasion de la pensée par l'audio-visuel ; il faut montrer comment la pensée opère avec les signes optiques et sonores de l'image-mouvement, et aussi d'une image-temps plus profonde, pour produire parfois de grandes oeuvres.
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La naissance de la tragédie
Friedrich Nietzsche
- Flammarion
- Gf ; Philosophie
- 2 Septembre 2015
- 9782081260979
Paru en 1872, La Naissance de la tragdie est l'acte de naissance d'un philosophe convaincu que seule la confrontation avec ce qui nous est tranger nous donne accs nous-mmes. En interrogeant la gense de la tragdie antique partir des pulsions que sont l'apollinien et le dionysiaque, Nietzsche met en lumire le sens du pessimisme propre la Grce prsocratique. Ce pessimisme de la force , lucide quant au caractre douloureux de la vie humaine, n'exclut pas, mais au contraire renforce le dsir d'exister. Par contraste, Nietzsche interroge galement une autre forme de pessimisme : le nihilisme dont souffre l'Europe moderne, consquence paradoxale du rationalisme socratique. La Naissance de la tragdie inaugure ainsi une forme de philosophie radicalement nouvelle : une philosophie qui, contre la rationalit triomphante, met au jour le fond pulsionnel de toute activit humaine, et qui s'attache comparer et valuer les cultures, en vue de mieux comprendre le prsent et de transformer l'avenir.
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Le visible et l'invisible ; notes de travail
Maurice Merleau-Ponty
- GALLIMARD
- Tel
- 23 Janvier 1979
- 9782070286256
Du grand ouvrage dont rêvait Merleau-Ponty ne restent que cent cinquante pages manuscrites. Quelle est leur fonction ? Introduire. Il s'agit de diriger le lecteur vers un domaine que ses habitudes de pensée ne lui rendent pas immédiatement accessible. Il s'agit, notamment, de le persuader que les concepts fondamentaux de la philosophie moderne - par exemple, les distinctions du sujet et de l'objet, de l'essence et du fait, de l'être et du néant, les notions de conscience, d'image, de chose - dont il est fait constamment usage impliquent déjà une interprétation singulière du monde et ne peuvent prétendre à une dignité spéciale quand notre propos est justement de nous remettre en face de notre expérience, pour chercher en elle la naissance du sens. Pourquoi est-il devenu nécessaire de prendre un nouveau départ, pourquoi ne pouvons-nous plus penser dans le cadre des anciens systèmes, ni même bâtir sur le sol où nous les voyons, si différents soient-ils dans leur orientation, plonger leurs racines, voilà ce que l'auteur s'efforce de dire tout d'abord.Considérations préliminaires, croirait-on donc. Et pourtant, telle est la nature de l'oeuvre que l'initiation est ici décisive, la vérité du parcours anticipée dans la première démarche.Claude Lefort
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Comment l'image-temps surgit-elle ? sans doute avec la mutation du cinéma, après la guerre, quand les situations sensori-motrices font place à des situations optiques et sonores pures (néo-réalisme).
Mais la mutation était préparée depuis longtemps, sous des modes très divers (ozu, mais aussi mankiewic, ou même la comédie musicale). l'image-temps ne supprime pas l'image-mouvement, elle renverse le rapport de subordination au lieu que le temps soit le nombre ou la mesure du mouvement, c'est-à-dire une représentation indirecte, le mouvement n'est plus que la conséquence d'une présentation directe du temps : par là même, un faux mouvement, un faux raccord.
Le faux raccord est un exemple de " coupure irrationnelle ". et, tandis que le cinéma du mouvement opère des enchaînements d'images par coupures rationnelles, le cinéma du temps procède à des ré-enchaînements sur coupure irrationnelle (notamment entre l'image sonore et l'image visuelle).
C'est une erreur de dire que l'image cinématographique est forcément au présent. l'image-temps directe n'est pas au présent, pas plus qu'elle n'est souvenir.
Elle rompt avec la succession empirique et avec la mémoire psychologique, pour s'élever à un ordre ou une série du temps (welles, resnais, godard...). ces signes de temps sont inséparables de signes de pensée et de signes de parole. mais comment la pensée se présente-t-elle au cinéma et quels sont les actes de parole spécifiquement cinématographiques ?
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Le secret de la société : pour en finir avec l'impuissance politique
Pacôme Thiellement
- Puf
- Perspectives Critiques
- 6 Mars 2024
- 9782130842385
« Et pourtant, tout pourrait changer. » Telle est l'idée centrale qui préside au nouveau livre de Pacôme Thiellement, un livre qui approfondit du côté de la politique les leçons de ses livres précédents. Tout pourrait changer, mais tout est mis en oeuvre pour que rien ne change. Tout pourrait changer, mais personne ne le veut vraiment. Vraiment ? Non. En allant creuser du côté du « secret de la société », Pacôme Thiellement met à jour une tradition cachée, qui relie ensemble celles et ceux qui n'ont pas renoncé au changement - ni à considérer l'humanité comme quelque chose de pas tout à fait foutu. Cette tradition, qui passe de Honoré de Balzac à Jacques Rivette, du Chat de Chester à la Baghavad-Gita, de Jeanne d'Arc au Langage des oiseaux ou de Simone Weil à Antonin Artaud, est une tradition des marges et des profondeurs, où luit encore la possibilité de l'absolu. Somptueuse méditation sur la paranoïa qui hante les espaces de la politique contemporaine, plaidoyer pour une humanité survivante, chant d'amour pour les êtres et les oeuvres qui continuent à nous guider dans le noir, c'est peut-être le plus beau livre de Pacôme Thiellement.
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On le sait depuis Aristote : ce qui distingue la fiction de l'expérience ordinaire, ce n'est pas un défaut de réalité mais un surcroît de rationalité. Elle dédaigne en effet l'ordinaire des choses qui arrivent les unes après les autres pour montrer comment l'inattendu advient, le bonheur se transforme en malheur et l'ignorance en savoir.
Cette rationalité fictionnelle a subi à l'âge moderne un destin contradictoire. La science sociale a étendu à l'ensemble des rapports humains le modèle d'enchaînement causal qu'elle réservait aux actions d'êtres choisis. La littérature, à l'inverse, l'a remis en cause pour se mettre au rythme du quotidien quelconque et des existences ordinaires et s'installer sur le bord extrême qui sépare ce qu'il y a de ce qui arrive.
Dans les fictions avouées de la littérature comme dans les fictions inavouées de la politique, de la science sociale ou du journalisme, il s'agit toujours de construire les formes perceptibles et pensables d'un monde commun. De Stendhal à João Guimarães Rosa ou de Marx à Sebald, en passant par Balzac, Poe, Maupassant, Proust, Rilke, Conrad, Auerbach, Faulkner et quelques autres, ce livre explore ces constructions au bord du rien et du tout.
En un temps où la médiocre fiction nommée « information » prétend saturer le champ de l'actuel avec ses feuilletons éculés de petits arrivistes à l'assaut du pouvoir sur fond de récits immémoriaux d'atrocités lointaines, une telle recherche peut contribuer à élargir l'horizon des regards et des pensées sur ce qu'on appelle un monde et sur les manières de l'habiter.
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On rencontre souvent la notion d'« écart » chez Rancière, toujours soucieux de « faire du deux avec de l'un ». Appliquée au cinéma, l'écart porte aussi bien sur la nature de la cinéphilie, qui lie le culte de l'art et la démocratie des divertissements, sur le rapport compliqué entre cinéma et politique, ou encore sur l'unité même de cet art, forme d'émotion ou vision du monde. Peut-être faut-il se demander « si le cinéma n'existe pas justement sous la forme de ce système d'écarts irréductibles entre des choses qui portent le même nom sans être des membres d'un même corps ».
C'est à partir de questions de cet ordre que Rancière convoque Bresson, Straub et Huillet, Pedro Costa, mais aussi Minelli et Hitchcock. Il ne raconte pas les films, il ne les commente pas non plus comme ferait un journaliste - il montre ce que, sans lui, nous ne verrions sans doute pas.
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Voir une image, cela peut-il nous aider à mieux savoir notre histoire ?
En août 1944, les membres du Sonderkommando d'Auschwitz-Birkenau réussirent à photographier clandestinement le processus d'extermination au coeur duquel ils se trouvaient prisonniers. Quatre photographies nous restent de ce moment. On tente ici d'en retracer les péripéties, d'en produire une phénoménologie, d'en saisir la nécessité hier comme aujourd'hui. Cette analyse suppose un questionnement des conditions dans lesquelles une source visuelle peut être utilisée par la discipline historique. Elle débouche, également, sur une critique philosophique de l'inimaginable dont cette histoire, la Shoah, se trouve souvent qualifiée. On tente donc de mesurer la part d'imaginable que l'expérience des camps suscite malgré tout, afin de mieux comprendre la valeur, aussi nécessaire que lacunaire, des images dans l'histoire. Il s'agit de comprendre ce que malgré tout veut dire en un tel contexte.
Cette position ayant fait l'objet d'une polémique, on répond, dans une seconde partie, aux objections afin de prolonger et d'approfondir l'argument lui-même. On précise le double régime de l'image selon la valeur d'usage où on a choisi de la placer. On réfute que l'image soit toute. On observe comment elle peut toucher au réel malgré tout, et déchirer ainsi les écrans du fétichisme. On pose la question des images d'archives et de leur "lisibilité". On analyse la valeur de connaissance que prend le montage, notamment dans Shoah de Claude Lanzmann et Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard. On distingue la ressemblance du semblant (comme fausseté) et de l'assimilation (comme identité). On interroge la notion de " rédemption par l'image " chez Walter Benjamin et Siegfried Kracauer. On redécouvre avec Hannah Arendt la place de l'imagination dans la question éthique. Et l'on réinterprète notre malaise dans la culture sous l'angle de l'image à l'époque de l'imagination déchirée.
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Ce recueil de divers textes que Clément Rosset a consacrés au cinéma est précédé d'un entretien avec Roland Jaccard. Ses goûts cinématographiques, souvent déconcertants et ironiques, permettent de mieux cerner la personnalité du philosophe.
À la suite d'un entretien avec Roland Jaccard autour du cinéma sur le premier film de son enfance (Les naufrageurs des mers du sud , par Cecil B. de Mille), sur les grandes revues cinématographiques (Positif, Les Cahiers ...) et sur des thèmes tels que « Psychanalyse et cinéma » ou « Philosophie et cinéma », des extraits de textes parus dans différentes revues ou ouvrages de Clément Rosset sont mis à la disposition du lecteur.
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Nous sommes les héritiers de la plus sinistre des histoires : celle qui a fait de l'amour un piège. De Adam et Eve aux séries contemporaines, elle n'a pas cessé d'être rejouée, définissant l'horizon de vie des femmes et des hommes errant sur la terre sous l'oeil mauvais du Démiurge. Il s'agit d'une histoire dans laquelle l'amour n'est pas ce qui sauve, mais ce qui enf erme ; il n'est pas ce qui rend bon et joyeux, mais triste et méchant, égoïste et cruel. L'amour est un sickamour - un amour malade. Comment faire pour en échapper ? Comment faire pour retrouver ce qui a été perdu lorsque, jaloux du bonheur d'Adam et Eve, Dieu décida de les flanquer à la porte du Paradis ? Telle est la question que s'est posé Pacôme Thiellement dans Sycomore Sickamour, une promenade hallucinée et somptueuse dans les méandres d'un savoir amoureux perdu, mêlant le théâtre de William Shakespeare et les textes gnostiques, les images de Jacques Rivette et celles de David Lynch, mais aussi Buffy et Clair de lune, Raymond Roussel et John Lennon, Gérard de Nerval et Martha & The Vandellas. Une promenade à la recherche du twist de l'amour heureux.
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Le Supermarché du visible : Essai d'iconomie
Peter Szendy
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 5 Octobre 2017
- 9782707343482
Ce qu'il s'agit d'analyser, d'ausculter, c'est ce que Walter Benjamin, en 1929 déjà, décrivait comme un espace chargé à cent pour cent d'images. Autrement dit : cette visibilité saturée qui nous arrive de partout, nous entoure et nous traverse aujourd'hui.
Un tel espace iconique est le produit d'une histoire : celle de la mise en circulation et de la marchandisation générale des images et des vues. Il fallait ébaucher sa généalogie, depuis les premiers ascenseurs ou escalators (ces travellings avant la lettre) jusqu'aux techniques actuelles de l'oculométrie traquant les moindres saccades de nos yeux, en passant par le cinéma, grand chef d'orchestre des regards.
Mais, sous-jacente à cette innervation du visible, il y a une économie propre aux images : ce qu'on tente d'appeler leur iconomie. Deleuze l'avait entrevue lorsqu'il écrivait, dans des pages inspirées par Marx : « l'argent est l'envers de toutes les images que le cinéma montre et monte à l'endroit ». Une phrase que l'on n'entendra dans toute sa portée ontologique qu'à condition de se souvenir que « cinéma » veut aussi dire ici : « l'univers ».
C'est pourquoi, tout en se laissant guider par des séquences d'Hitchcock, de Bresson, d'Antonioni, de De Palma ou des Sopranos, ces pages voudraient frayer la voie qui conduit d'une iconomie restreinte à ce qu'on pourrait nommer, avec Bataille, une iconomie générale.
Peter Szendy -
Ce livre présente les films de Lynch en montrant que ce qui déjà apparaît dans Eraserhead trouve son prolongement et sa clé dans Inland Empire (en passant bien sûr par les autres oeuvres et tout particulièrement Lost Highway et Mulholland Drive). A savoir que, comme dans le premier chapitre de Matière et mémoire de Bergson, le monde est image, de sorte que la matière se résout dans son image et que ce sont les images qui, par leur agencement, créent le monde dans sa solidité et sa fixité. Avec cette différence toutefois : les films de Lynch fonctionnent sur un désenchaînement des images qui, d'abord, donne une matière à l'image, et, ensuite, a pour conséquence que ces images entrent sans cesse dans de nouvelles séries. Ces séries produisent non seulement des mondes possibles qui annulent le privilège d'un monde réel (parce que celui-ci devient un monde possible au même titre que les autres), mais elles entremêlent aussi différentes temporalités où la linéarité passé-présent-futur disparaît.
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Penser l'émancipation : dialogue avec Aliocha Wald Lasowski
Jacques Rancière
- Editions De L'Aube
- Monde En Cours - Essais
- 22 Avril 2022
- 9782815946841
"Les cinq entretiens de ce livre portent sur la politique, l'esthétique, la littérature, la figure du philosophe et le cinéma. Chacun à sa manière ouvre les champs du possible, en questionnant les relations inédites entre les corps, les identités et les sujets au sein de notre société. Déplacer les assignations, introduire de l'écart, lancer des procédures d'inclusion, réinventer les rapports entre les citoyens : voilà ce qui permet des formes de subjectivation politique radicale ; voilà ce qui engage un processus d'émancipation." Aliocha Wald Lasowski
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Chris Marker, les médias et le XXe siècle ; le revers de l'histoire contemporaine
Vincent Jacques
- Creaphis
- 12 Juillet 2018
- 9782354281366
L'histoire du XXe siècle s'est accompagnée d'une production d'images sans précédent. Ce livre propose une réflexion sur le rôle de l'image dans la médiatisation de l'histoire contemporaine à partir de l'oeuvre de Chris Marker. Tout au long de sa vie, Chris Marker n'a cessé de réfléchir sur les soubresauts de l'histoire contemporaine.
L'histoire du XXe siècle s'est accompagnée d'une production d'images sans précédent : depuis la Grande Guerre, nul événement n'a eu lieu sans laisser derrière lui une multitude de photographies et de prises de vue animées. Ce livre propose une réflexion sur le rôle de l'image dans la médiatisation de l'histoire contemporaine à partir de l'oeuvre de Chris Marker. Révolution de 1917, seconde guerre mondiale, guerre du Vietnam, luttes de décolonisation, Mai 1968, effondrement de l'URSS et des régimes communistes du bloc de l'Est, 11 septembre 2001, etc. Tout au long de sa vie, Chris Marker n'a cessé de réfléchir sur les soubresauts de l'histoire contemporaine : il a traité de tous ces événements, et bien d'autres, dans une oeuvre foisonnante et polymorphe. Notons qu'à date, le rapport de Chris Marker à l'histoire n'a jamais fait l'objet d'un livre, en France comme à l'étranger.
Quel est l'intérêt du cinéma de Marker aujourd'hui ? Marker est un penseur autant qu'un cinéaste. Parmi les grands cinéastes, il est celui qui a le plus profondément et systématiquement réfléchi à la mise en scène cinématographique de l'histoire et à la façon dont celle-ci et la médiatisation ont affecté l'histoire réelle en montrant son envers et ses revers. À l'aide d'un penseur critique et engagé, témoin et acteur du siècle, il s'agit de proposer une lecture du XXe siècle tel qu'il s'est représenté. Il est également possible de tirer un enseignement philosophique de cette oeuvre très actuelle : le livre développe ainsi une réflexion originale sur le temps et la mémoire et analyse sous plusieurs aspects les rapports complexes entre image et réalité (la question de la technique, si chère à Marker, est également abordée).
Chez ce cinéaste-photographe-voyageur-écrivain, le rapport à l'histoire concerne aussi bien la question de l'écriture de l'histoire au cinéma que l'analyse des formes de la médiatisation de l'histoire (cinéma, télévision, Internet). Cette interrogation, puisqu'elle est présentée en images, s'accompagne d'une visée réflexive. Écrire l'histoire au cinéma, c'est alors questionner les sources (archives) ainsi que la forme du discours offert par le médium (montage). Finalement, pour Marker, écrire l'histoire au cinéma, ce sera aussi écrire une histoire du cinéma (et des médias). Pour le dire autrement, penser l'histoire c'est penser le cinéma tout en méditant sur l'époque et sur les moyens que celle-ci mobilise pour se saisir dans le temps. C'est aussi rendre sensible et visible des moments de l'histoire contemporaine (ce que tait l'histoire officielle ou ce qui n'intéresse pas les médias).
Dans cette perspective réflexive sur le médium, le livre est divisé en neuf chapitres traitant chacun d'une question de cinéma (Caméra, Faire image, Mise en scène, Spectateur, Corps, Regard, Auteur, Ville, Archives). Un tel angle d'attaque permet de développer une approche d'ordre théorique et esthétique en abordant divers moments de l'histoire contemporaine. Le livre se fonde sur des analyses de films, vidéos et textes de Chris Marker mises en regard avec des textes de philosophie, de théorie de l'image et du cinéma (Roland Barthes, Raymond Bellour, Walter Benjamin, Serge Daney, Gilles Deleuze, Jacques Rancière, Susan Sontag...) ainsi que d'histoire et de sciences sociales (Antoine de Beacque, Marc Ferro, François Hartog, Siegfried Kracauer, Sylvie Linderperg...). -
Au printemps 2009, les Archives Debord sont classées Trésor national. Depuis 2005, on peut à nouveau voir en salles ou en DVD l'ensemble des films que Guy Debord a réalisés et prendre la mesure de la rupture et du changement de perspectives qu'il a, dans ce champ-là comme ailleurs, irrévocablement provoqués. Son cinéma (et/ou son anti-cinéma) est essentiel au coeur de son oeuvre. Il y a une complète et complexe articulation entre l'oeuvre écrite, l'oeuvre cinématographique, l'une nourrissant l'autre et réciproquement, et surtout l'oeuvre vécue, sa vie comme oeuvre, comme vie consacrée à la poésie insurgée... Il y aura eu, au cinéma comme ailleurs, un avant et un après Guy Debord.
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Psycho, la leçon d'iconologie d'Alfred Hitchcock
Luc Vancheri
- Vrin
- Philosophie Et Cinema
- 13 Octobre 2013
- 9782711625161
Le meurtre de Marion Crane est sans nul doute l'un des plus célèbres de l'histoire du cinéma. Il est néanmoins surprenant que le tableau qui ferme le dispositif qu'a conçu Norman pour épier ses victimes n'ait jamais été identifié autrement que par son thème, Suzanne et les vieillards. Si l'on peut aujourd'hui lever l'énigme de son auteur, Willem van Mieris, il nous reste à reprendre l'étude de ce tableau pour élucider le rôle qui a été le sien dans la mise en scène qu'Alfred Hitchcock a imaginée pour la fameuse scène de la douche. Véritable clef herméneutique du film, le tableau, en introduisant la figure de Suzanne, va soumettre la fiction hitchcockienne au programme iconographique et allégorique qui s'est développé dans la peinture occidentale à partir du livre de Daniel. Si la mort de Marion est la troublante réponse à la résurrection de Suzanne, c'est qu'elle est la double condition anthropologique et morale à partir de laquelle Alfred Hitchcock entreprend d'interpréter les transformations qui affectent la société américaine au début des années 1960.
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Des pouvoirs des écrans
Anna caterina Dalmasso, Jacopo Bodini, Mauro Carbone
- Mimesis
- Images, Mediums
- 27 Novembre 2018
- 9788869761744
La culture humaine a toujours interrogé les pouvoirs des images. Mais qu'en est-il des pouvoirs des écrans ? Oui, ces surfaces intimement liées aux images d'une manière aussi évidente que mystérieuse, et qui montrent et cachent à la fois le visible. Le moment est venu d'interroger également leurs pouvoirs, car c'est précisément notre temps qui, de manière incontestable, nous fait vivre par(mi) les écrans. Cependant, ce même temps nous fait indirectement comprendre que les rapports des êtres humains aux écrans ne sont pas qu'une affaire de notre époque. C'est pourquoi une exploration collective, transhistorique et transdisciplinaire de ces rapports est conduite dans le présent volume par un groupe international de spécialistes en philosophie, culture visuelle, théorie du cinéma et des médias, neurosciences, psychologie et littérature.
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King Vidor
Jean-loup Bourget, Françoise Zamour
- Vrin
- Philosophie Et Cinema
- 29 Janvier 2016
- 9782711626557
Réputé pour son goût de la démesure (La Grande Parade, Duel au soleil, Le Rebelle), King Vidor a traversé les époques et les genres du cinéma hollywoodien classique. De La Foule et d'Hallelujah à Salomon et la reine de Saba, il a marqué l'histoire du cinéma de son empreinte. Poète épique pour ses admirateurs, raciste et fasciste pour ceux que heurtent Le Grand Passage ou Le Rebelle, Vidor échappe aux étiquettes. Taxés de misogynie, ses mélodrames (Stella Dallas, Ruby Gentry) sont aujourd'hui relus et réhabilités par les féministes. Cinéaste de la violence et du désir, Vidor se fait, dans Guerre et paix, portraitiste amoureux d'Audrey Hepburn. Artiste personnel au coeur d'un système standardisé, il est peut-être avant tout le premier véritable auteur du cinéma américain.
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Analyse d'une oeuvre : les ailes du désir (W. Wenders, 1987)
Collectif
- Vrin
- 9 Mai 2012
- 9782711624065
Berlin est au centre des Ailes du désir - dont le titre original est Der Himmel über Berlin, le ciel au-dessus de Berlin. Pour Wenders, voyageur du monde, cette ville est l'occasion de revenir en Allemagne et de parler, à travers l'histoire de Berlin et des anges qui veillent sur ses habitants, de la construction d'un devenir commun. Tourné deux ans avant la chute du mur, ce film propose une réflexion sur l'Histoire, sur le cinéma, mais aussi sur le rock comme manière de vivre. En devenant humain, un des anges va « entrer dans le fleuve ».
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La philosophie de l'art est, avec la philosophie du langage et la philosophie de l'histoire, l'un de trois grands thèmes qui traversent la pensée de Walter Benjamin. Son oeuvre constitue un tournant pour les sciences humaines et des notions telles que l'aura, l'image dialectique, l'anachronisme, le montage, la «lisibilité» ou la reproductibilité technique sont désormais des acquis dans le domaine de la recherche. Ce penseur inclassable a proposé de nouvelles façons d'appréhender et d'interpréter les oeuvres de la culture et de l'art: du drame baroque à la photographie et au cinéma des années 1930, de la poésie romantique à l'architecture urbaine, du roman moderne au théâtre expérimental.
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Qu'est-ce que le corps humain ?
À la fois la plus familière et la plus méconnue des choses, le corps est au centre de l'expérience mais représente également le lieu d'une préhistoire antérieure à toute expérience.
Etrange et inconnu, cet autre aspect du corps a bien trop souvent été négligé par la phénoménologie.
En se confrontant à cette négligence, The Thing redéfinit la phénoménologie en tant qu'espèce du réalisme, nommée phénoménologie inhumaine.
Loin d'être le simple véhicule d'une voix humaine, cette phénoménologie inhumaine permet l'expression d'une matérialité étrangère aux limites de l'expérience.
En associant la philosophie de Merleau- Ponty, Husserl et Levinas à l'horreur de John Carpenter, David Cronenberg et H. P. Lovecraft, Trigg explore la manière dont cette phénoménologie inhumaine place le corps hors du temps. Remettant en question les notions traditionnelles de la philosophie, The Thing fait également écho aux philosophies contemporaines du réalisme. Le résultat n'est ni plus ni moins qu'une renaissance de la phénoménologie redéfinie à travers la focale de l'horreur.